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Teng
Huatao
滕华涛
Né en 1971
Présentation
par Brigitte
Duzan, 7 octobre 2012, révisé 9 octobre 2013, actualisé 5
février 2014
Après le
succès inattendu, fin 2011, de
« Love
is Not Blind » (《失恋33天》),
Teng Huatao (滕华涛)
multiplie les projets.
Un réalisateur formé à la télévision
Né en 1971,
Teng Huatao est le fils du réalisateur
Teng Wenji (滕文骥),
réalisateur de la ‘quatrième génération’ réduit au
silence par la Révolution culturelle, ensuite
éclipsé par la ‘cinquième génération’ et finalement
replié essentiellement sur la production pour la
télévision. Son fils a suivi ses traces au départ.
Teng Huatao
est sorti de l’Institut du cinéma de Pékin en 1995,
avec une spécialisation dans l’écriture de scénario.
Dès sa sortie de l’Institut, il réalise une première
série télévisée |
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Teng Huatao |
en dix parties
intitulée en anglais « A Time for Words » (《新言情时代》).

Teng Wenji |
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Il poursuit
en 1997 et 1998 avec deux séries télévisées en vingt
épisodes produites par son père : « Moment de
crise » (《危情时刻》),
avec une pléiade de bons acteurs qui allaient
ensuite faire de brillantes carrières, Zhang Guoli (张国立),
Hu Jun (胡军), etc.. et
« Perdu le Nord » (《找不着北》), avec, entre autres, une jeune actrice débutante du nom de Gao Yuanyuan
(高圆圆)
(1).
En 2001,
Teng Huatao passe sous contrat avec la société des
Huayi Brothers, mais continue à travailler sur
d’autres séries télévisées. Au total, depuis 1995,
il a réalisé une douzaine de films et séries pour la
télévision.
C’est
cependant en 2001 aussi qu’il a fait ses débuts au
cinéma et réalisé son premier film. |
2001-2011 :
Cinq films
2000-2001
est une période de transition dans le cinéma
chinois. C’est un creux quantitatif dans la
production : il n’y a que 71 films produits cette
année-là (il y en aura 400 seulement six ans plus
tard). Mais 2001 est aussi une année qui voit les
débuts de réalisateurs au style original, dont
Zhang Yibai (张一白),
par exemple, et son « Spring Subway » (《开往春天的地铁》).
1. Teng
Huatao s’inscrit dans ce mouvement avec « One
Hundred » (《一百个…
》),
production du studio de Pékin, sur un scénario de Li
Wei (李玮) ;
la photographie est signée Cao Dun (曹盾)
qui devient indissociable de l’œuvre du réalisateur.
C’est aussi une première apparition de l’acteur Tong
Dawei (佟大为) que l’on retrouvera dans
les films suivants du réalisateur.
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One Hundred |

La scénariste Li Wei |
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L’histoire
est celle de deux jeunes adolescents qui veulent
devenir policiers, et à qui on a dit que le meilleur
moyen pour y arriver est de capturer cent
pickpockets… Elle est basée sur un fait divers réel
; même les noms des deux personnages ont été
conservés. Pas d’intrigue tortueuse, ni d’histoire
émouvante, mais un scénario sur l’idéalisme des
jeunes, tourné avec réalisme et une certaine ironie.
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2. Teng
Huatao poursuit l’année suivante avec un film dont
on peut traduire le titre par « La chemise de
perles » (《珍珠衫》). Il est inspiré d’un
grand classique, les trois recueils d’histoires
compilés par Feng Menglong (冯梦龙)
et
publiés au
début du |
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La chemise de perles |
17ème
siècle (2).
C’est surtout
l’esprit qui compte ici, en référence à l’un des titres :
« Histoire d’hier et d’aujourd’hui » (《古今小说》)
qui sont aussi des « histoires pour éclairer le monde »(喻世明言).
Le film n’est cependant pas très éclairant. C’est une œuvre
de transition.
3. Le film
qui lance
Teng Huatao
est le suivant, sorti en 2003 : « Sky of Love »
(《情牵一线》que
l’on trouve aussi sous le titre « le fil rompu de
l’amour »
《爱,断了线》).
Il a, dans
les rôles principaux, Gigi Leung (梁咏琪),
le chanteur taiwanais Ke Chu (朱孝天), Tao Hong (陶虹)
et Tong Dawei (佟大为),
et il s’agit d’un genre totalement différent.
C’est un
remake d’un film coréen intitulé « Ditto », lui-même
inspiré d’un thriller américain. Gigi Leung y
interprète le rôle d’une jeune étudiante qui tombe
par hasard sur un vieux radiotéléphone qui lui
permet d’entrer en contact avec un autre étudiant.
Elle en tombe amoureuse, mais n’arrive pas à le
rencontrer. Au bout d’un certain temps, elle se rend
compte que c’est tout simplement parce qu’il ne vit
pas à la même époque qu’elle, mais vingt ans plus
tard, au début du deuxième millénaire….
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The Sky of Love |
Comme le
film se passe à Shanghai, c’est l’occasion de filmer
les changements intervenus dans la ville. Mais « Sky
of Love » est surtout une longue discussion entre
les deux personnages, qui en viennent à découvrir
une étrange relation entre leurs deux noms… et se
termine par une rencontre improbable et virtuelle
qui ne rompt pas la frustration affective ressentie
tout du long du film.
« Sky
of Love » n’a guère eu de succès. Teng Huatao est
revenu pendant cinq ans travailler pour la
télévision et n’a sorti un nouveau film qu’en 2007.
4. Ce film
est « The Matrimony » (《心中有鬼》),
que le réalisateur a mis trois ans à préparer et
qu’il qualifie de « film commercial avec des
éléments artistiques ». Il est produit par
Chen Guofu
(陈国富),
et la société des Huayi Brothers.
Il est à nouveau interprété par de très bons acteurs
- Fan Bingbing (范冰冰),
Leon Lai (黎明)
et Rene Liu (刘若英)- |
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The Matrimony |
et il a, comme directeur de
la photographie,
le chef opérateur,
entre autres, de
Hou Hsiao-Hsien et
Wong Kar-wai - Mark Lee Ping-Bing (李屏宾).

Fan Bingbing et Rene
Liu |
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Le film est
tourné comme une sorte de « fable gothique » ; c’est
une histoire d’amour surnaturelle revenant aux
grands classiques du roman chinois traditionnel,
mais située à Shanghai dans les années 1930. C’est
aussi une histoire qui rappelle la « Rebecca » de
Hitchcock, d’après Daphne du Maurier, bien que
personne ne semble avoir fait le rapprochement.
L’héritier
d’une riche famille, Shen Junchu (沈君初),
joué par Leon Lai, perd dans un |
accident sa fiancée
Xu Manli (徐曼丽),
interprétée par Fan Bingbing. Sa mère le force alors à se
marier
avec une
jeune fille qu’il ne connaît pas, Sansan (三三).
Junchu traite gentiment sa nouvelle épouse, mais
passe ses soirées seul à cultiver le souvenir de la
disparue, dans un grenier où il conserve ses
affaires.
N’arrivant
pas à trouver le repos outre-tombe, Manli revient
hanter Sansan et conclut un pacte avec elle : elle
reviendra habiter le corps de Sansan le temps que
Junchu tombe amoureux d’elle, mais aussi le temps
d’avoir une ultime nuit avec lui. Mais, une fois
possédée par cet esprit, Sansan réalise que c’est en
fait un esprit maléfique…
“The
Matrimony” est précurseur de toute une série de
films du même genre, dont les deux « Painted
Skin » (《画皮》),
surtout le second. Mais c’est le film suivant qui
est la grande réussite de
Teng
Huatao, dans un genre totalement différent. |
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Mark Lee Ping-Bing |
5.
« Love
is Not Blind » (《失恋33天》)
a consacré Teng Huatao comme grand maître de la
satire sociale ironique et décalée. Le film a été
l’un des grands succès du box office chinois en
2011, et a surpris tout le monde, suscitant
l’intérêt des critiques et l’engouement du public.
Avec ce
film, Teng Huatao a renoué avec la veine
réaliste/satirique de son premier film, sorti dix
ans plus tôt. Mais « Love is Not Blind » a aussi
consacré la toute jeune romancière auteur du roman
dont le film est adapté, et qui en a aussi écrit le
scénario : Bao Jingjing (鮑鯨鯨)
(3).
2012 et
après
1. Teng
Huatao et Bao Jingjing ont continué une
collaboration qui s’est avérée fructueuse : pour un
budget de neuf millions de yuans, soit 1,47 million
de dollars,
« Love
is Not Blind »
a rapporté 57,5 millions de dollars. |
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Love is Not Blind |

Fu Chen |
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Ils ont
poursuivi avec une série télévisée adaptée, cette
fois, d’un roman d’une autre romancière qui a
beaucoup de points communs avec Bao Jingjing, à
commencer par son âge : Cui Manli (崔曼莉).
C’est aussi un écrivain qui s’est fait connaître en
publiant sur internet, et c’est là que son roman a
été publié, en 2007. Satire des milieux huppés et
branchés des jeunes travaillant dans le secteur de
l’informatique et des technologies de
l’information, comme l’auteur elle-même, le livre a
connu un succès fulgurant.
Bao
Jingjing a écrit le scénario. Le résultat est une
série en trente épisodes intitulée, comme le roman,
« Fu Chen », ou « des hauts et des bas » (《浮沉》).
Elle semble être une suite de « Love is Not Blind »
(lequel a d’ailleurs également inspiré un remake à
la télévision). Les rôles principaux sont
interprétés par deux des principaux acteurs du film
précédent : l’actrice Bai Baihe (白百何)
et Zhang Jiayi (张嘉译),
qui était son patron dans « Love is Not Blind ». La
série a été diffusée fin juin 2012.
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Teng Huatao a juré
que ce serait son dernier film pour la télévision. Il
semble effectivement que son avenir soit maintenant plutôt
au cinéma.
2. Début
octobre 2013, il a présenté au Asian Film Forum du
festival de Busan un nouveau film réalisé sur un
scénario de Bao Jingjing adapté de son dernier roman
: « Up in the Wind » (《等风来》).
Le film était alors encore en post-production ; il
est sorti sur les écrans chinois trois mois plus
tard, à la fin du mois de décembre 2013.
Le roman
est né d’un voyage réalisé, à l’initiative de Teng
Huatao, par Bao Jingjing une fois « Love is not
Blind » terminé. Il était prévu qu’elle aille aux
Maldives, et finalement ce fut le Népal, d’où elle a
rapporté son récit. C’est l’histoire d’une jeune
femme, Chen Yumeng (程羽蒙),
qui écrit des articles pour la rubrique
gastronomique d’un journal et que sa rédactrice en
chef envoie au Népal. Elle y rencontre un gosse de
riche, Wang Can (王灿),
et une étudiante, Li Rexue (李热血),
qui vient de terminer ses études, tous deux étant,
d’une manière ou d’une autre, à la recherche du
bonheur, et surtout d’eux-mêmes.
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Up in the Wind |
Le Népal
aujourd’hui vu de Chine, c’est Katmandou vu de l’Occident à
la fin des années 1960. Il est parmi les dix pays les plus
pauvres du monde, mais il a décidé de faire comme le Bhoutan
voisin : mesurer la richesse nationale en termes
de « bonheur national brut », et non de PNB. Le film est
une satire de la recherche du bonheur, dans ces conditions,
par des jeunes bobos chinois qui ne sont pas bien dans leur
peau.
« Ce qui me frappe
le plus, en Chine, actuellement, » a dit Teng Huatao en
présentant son film, « c’est que personne n’est heureux. »
Le titre du film signifie « attendre le vent », et c’est un
message qui se veut philosophique, de calme et de
pondération à tous ceux lancés tête baissée à la poursuite
du bonheur, sans parvenir à l’atteindre. On perçoit là tout
de suite les dangers d’une pensée superficielle, qui
affleure dans tout le film en frisant la caricature.
La finesse du film
précédent s’est perdue dans une mise en scène qui a opté
pour une optique commerciale à cheval sur le mélo et le
burlesque ; on retrouve au début les dialogues percutants
typiques de Bao Jingjing, mais ils se noient ensuite dans le
reste du film.

Ni Ni dans Up in the
Wind |
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Même les
acteurs ont été choisis pour leur notoriété acquise
dans des films récents qui ont fait parler d’eux.
Bai Baihe
(白百何)
a été remplacée, dans le rôle de Chen Yumeng, par
Ni Ni (倪妮),
l’actrice
qui interprète la jolie prostituée Yu Mo dans
« Flowers
of War » (《金陵十三釵》) de Zhang
Yimou. Il était sans doute bien de ne pas
donner l’impression de faire un « Love is not
Blind 2 », mais Ni Ni, justement, dans
« Up in
the Wind »,
ressemble étrangement à Bai Baihe. |
Les seconds rôles
participent de la même logique. L’un des rôles féminins,
celui de Li Rexue, est interprété par Liu Yase (刘雅瑟)
qui tient le rôle de l’étudiante tomboy, Zhu Xiaobei (朱小北),
dans le
premier film de
Zhao
Wei (赵薇) :
« So Young » (《致青春》).
Quant au
rôle de Wang Can, il est interprété par
Jing Boran
(井柏然),
un chanteur pop qui a jusqu’ici joué des rôles
secondaires comme, en 2012, celui d’un policier
novice dans « The Bullet Vanishes » (《消失的子弹》)
produit par
Derek Yee.
« Up in
the Wind »
a déçu, peut-être parce qu’on en attendait trop. Un
succès commercial est quelquefois un mauvais
engrenage pour un artiste, surtout au cinéma, et
surtout en Chine aujourd’hui. |
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Jing Boran |
Notes
(1)
L’actrice de
Wang Xiaoshuai (王小帅),
celle qui interprète Qinghong (青红)
dans
« Shanghai
Dreams » par
exemple…
(2) Les trois
volumes sont connus sous le titre de « Trois histoires » (《三言》).
(3) Sur
Bao Jingjing, voir :
www.chinese-shortstories.com/Auteurs_de_a_z_Bao_Jingjing.htm
Filmographie
(hors télévision)
2013 Up in the
Wind 《等风来》
2011
Love is Not Blind
《失恋33天》
2007 The
Matrimony
《心中有鬼》
2003 Sky of
Love
《情牵一线》(ou《爱,断了线》)
2002 La chemise de
perles
《珍珠衫》
2001 One Hundred
《一百个…
》
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