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Han Han cinéaste 韩寒导演

Né en 1982

Présentation

par Brigitte Duzan, 17 février 2017, actualisé 28 avril 2019

 

Han Han (韩寒) a longtemps défrayé la chronique comme blogueur, écrivain, voire coureur de rallyes [1], rebelle comme le sont les enfants gâtés qui veulent se libérer de l’ombre paternelle. 

 

L’écriture ne semblant plus suffire à son désir d’expression, après une tentative ratée d’édition d’un magazine littéraire qui n’a pas survécu à son premier numéro et avec un blog sous haute surveillance muet depuis janvier 2014, Han Han s’est tourné vers le cinéma. Son second film est sorti fin janvier 2017. Il a repris son blog pour relayer la publicité sur son film.

 

Première adaptation, par un certain Sun Bohan : raté

 

En septembre 2013 est sorti un film adapté d’un roman de Han Han publié en 2006 : « The Ideal City » (《一座城池》).

 

Han Han en 2017

 

Ideal City

 

Le roman décrit les dérives d’un jeune garçon de Shanghai, rebelle et bagarreur, qui, après une échauffourée qui a mal tourné, décide de s’éloigner et part avec son meilleur copain dans une petite ville au bord du Yangtse ; ils s’installent à l’hôtel, sillonnent les rues sans but précis, rencontrent un congénère local, avec lequel ils explorent la ville. C’est creux, ennuyeux, mais heureusement plein d’humour.

 

C’est du pseudo-Wang Shuo (王朔). Mais Han Han n’est pas Wang Shuo, et le réalisateur encore moins un Feng Xiaogang (冯小刚). Il s’appelle Sun Bohan (孙渤涵), c’est un commercial et un scénariste de films publicitaires, pas un cinéaste, et cela ne s’improvise pas. Le film a été un flop [2], et Han Han a pris soin de se désolidariser de l’affaire, en limitant son rôle à la vente des droits de son roman.

 

Il lui restait à passer lui-même derrière la caméra. Ce qu’il a fait, bien entouré, en 2013.

 

Premier film : pas mal

 

Premiers pas sous la houlette de Fang Li

 

Il a fait ses premiers pas au cinéma grâce à l’un de ses vieux amis, Lu Jinbo (路金波), et surtout grâce à Fang Li (方励), fondateur de la société de production Laurel Film et producteur de Li Yu (李玉). Han Han l’a rencontré à Shanghai en 2000, alors que Fang Li était en pleine production de « Buddha Mountain » (《观音山》) et lui a demandé d’écrire une chanson pour le film. 

 

Han Hanlui a expliqué qu’il avait envie de tourner un film depuis longtemps. Le projet a mis deux ans et demi à se concrétiser. Finalement, Han Han s’est décidé en mai 2013. Ils se sont réparti les rôles : Han Han pour la création, Fang Li pour la production, et Lu Jinbo pour la commercialisation.

 

Ils étaient curieux de voir ce que Han Han pourrait faire, et pas inquiets sur le résultat. Comme l’a dit Lu Jinbo :

韩寒就是拍成一坨屎,我们也赔不了。

« Même si Han Han nous sortait de la merde, on n’y perdrait pas notre argent. »

 

Han Han a terminé son scénario en août et Fang Li a fixé le tournage début décembre, mais finalement Han Han a révisé son scénario et le tournage a été repoussé à février 2014.

 

The Continent

 

Intitulé « The Continent » (《后会无期》), produit par Laurel Films, Guomai Culture and Film, et Bona Film Group, le film est sorti en Chine continentale le 24 juillet 2014 et a battu au box-office le troisième des « Tiny Times » (《小时代》) de Guo Jingming (郭敬明) sorti une semaine plus tôt [3].

 

C’est une sorte de road movie sur un le scénario de Han Han lui-même: l’histoire de plusieurs copains qui ont grandi ensemble et partent pour un voyage plutôt chaotique pour accompagner l’un d’eux, un instituteur qui a été muté dans l’extrême ouest du pays, un voyage de quelque quatre mille kilomètres plein de rencontres et d’imprévu, bien entendu.

 

Le film a été âprement critiqué par certains, loué par d’autres, Han Han a même été accusé de plagiat par un professeur de

 

The Continent

l’université Tsinghua. Ce n’est cependant pas du plagiat, Han Han n’ayant pas de formation de réalisateur, et substituant la citation à l’apprentissage. On retrouve des « citations » de Jia Zhangke, qui figure dans le film comme une sorte de parrain, au propre comme au figuré, mais aussi de cinéastes américains auxquels renvoie la forme même du road movie.

 

Han Han en tournage sur The Continent

 

Ce qui reste, c’est un film honorable, très bien interprété, dont Han Han souligne ‘l’honnêteté’, et il est certes l’expression de sa personnalité, ainsi que de ses préoccupations : une fracture sociale qu’il capte à son niveau, celui des jeunes de son âge, citadins en proie à un mal de vivre fondamental toutes conditions confondues, qu’ils cachent sous des plaisanteries. En ce sens, c’est bien la nouvelle génération Wang Shuo.

 

« The Continent » a été projeté en première européenne à Udine en mai 2015, puis on n’en a plus entendu parler : pas assez convaincant, trop léger peut-être, malgré le travail des interprètes et une superbe photo, signée Liao Ni (廖拟). C’était un film qui présageait le meilleur comme le pire. On attendait la suite.

 

Deuxième film : déception

 

Sorti en Chine le 27 janvier 2017, et presque

 

Han Han avec son producteur Fang Li (à g.)

aussitôt aux Etats-Unis, le second film de Han Han, « Duckweed » (《乘风破浪》) [4], ne remplit pas les promesses que pouvait laisser entrevoir le premier.

 

Duckweed

 

Construit sur une pseudo-histoire de science-fiction du genre « Back to the Future », c’est peut-être une manière pour Han Han de se réconcilier avec l’image du père et de soigner son complexe d’Œdipe, mais il fait cette fois trop dans le pastiche.

 

Le scénario est reconnu comme étant inspiré de celui du film de 1993 de Peter Chan (陈可辛) « He Ain't Heavy, He's My Father! » (《新难兄难弟》), avec les deux Tony Leung. C’est une comédie des débuts de Peter Chan qui lorgne vers Hollywood mais sur laquelle on passe en général très vite dans les biographies du réalisateur.

 

Sur un scénario de Yu Meng (于梦) qui est également coproducteur aux côtés, entre autres, de Fang Li, le film de Han Han raconte la réconciliation d’un fils avec son père qui, pense-t-il classiquement, ne l’a jamais compris. Le fils, dans le film, est un coureur de rallye qui vit en 2022 à Shanghai, 

donc un alter ego du réalisateur. Par un hasard improbable, après un accident de voiture, il se réveille de son coma en 1998, et revit la jeunesse de son père à ses côtés, au sein d’un gang de ruffians, ce qui lui permet de comprendre bien des aspects de sa personnalité, ainsi que celle de sa mère qu’il n’a jamais connue.  

 

Le film abonde de « citations », des films de genre de Hong Kong aux films de gangsters de Hollywood, et jusqu’au dernier film de Guan Hu (管虎) « Mr. Six » (《老炮儿》). On s’attendrait presque à voir surgir Feng Xiaogang (冯小刚) au détour d’une ruelle, comme Jia Zhangke dans « The Continent ».

 

Troisième film : la nostalgie de la course

 

Sorti en Chine le 5 février 2019, jour de la fête du Printemps, « Pegasus » (《飞驰人生》) est l’histoire d’un ancien coureur de course automobile, Zhang Chi (张驰), qui gagne maintenant sa pitance journalière en vendant du riz frit dans un petit étal, mais qui rêve de revenir à la course pour affronter la nouvelle génération. Son problème : il n’a ni voiture ni équipe ni argent pour s’en procurer. En outre son permis arrive à expiration.

 

Pratiquement les seuls atouts du film (et encore, pour les fans de Han Han) sont ses deux interprètes principaux : le comédien Shen Teng (沈腾) dans le rôle de Zhang Chi et l’acteur et mannequin Huang Jingyu (黄景瑜). 

 

Sorti le même jour que les deux films de science-fiction adaptés de nouvelles de Liu Cixin (刘慈欣), « The Wandering Earth » (《流浪地球》) réalisé par Frant Gwo/Guo Fan (郭帆) et

 

Pegasus

« Crazy Alien » (《疯狂的外星人》) de Ning Hao (宁浩), « Pegasus » n’a pas tenu la route, mais s’est quand même classé en troisième position au box-office. Mais ce n’est pas ce qui va redorer le blason de cinéaste de Han Han.  

 

 

 

 


[2] La semaine de sa sortie, pour la fête de la mi-automne, il est arrivé en ènième position au box-office, derrière même le docu hagiographique « Quatre jours dans la vie de Zhou Enlai » (《周恩来的四个昼夜》).

[3] Sur Guo Jingmiing et ses « Tiny Times », voir :

http://www.chinese-shortstories.com/Auteurs_de_a_z_GuoJingming.htm

[4] Littéralement « Chevaucher le vent, briser les vagues ».

 

 

     

 

 

 

 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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