par
Brigitte Duzan, 07 juin 2014,
actualisé 3 mai 2018
Pékinoise, Vivian Qu (文晏) a une double carrière de
productrice et de réalisatrice.
Formée à la peinture, au dessin et aux arts
graphiques, elle est partie à New York dans les
années 1990. Elle s’y est formée au cinéma sur le
tas, en assistant régulièrement, entre autres, aux
séances de cinéma du Lincoln Center et du MoMA.
Productrice
Rentrée à Pékin en 2003, elle a été sollicitée par
le réalisateur
Diao Yinan (刁亦男)
qui ne parvenait à trouver ni producteur ni
financement pour son second film,
« Train
de nuit » (《夜车》),
bien que le premier ait obtenu le
prix Dragon and Tiger au festival de Vancouver.
Vivian Qu au festival
de Vancouver 2013
Le producteur Sean
Chen
Au bout de quelques mois, la situation n’ayant pas
évolué, elle a accepté de produire le film. Avec son
associé Sean Chen, elle a créé une société de
production sur le modèle de celle de
Jia Zhangke et ils
ont produit le film qui est sorti en mai 2007, au
festival de Cannes, dans la section Un certain
regard.
C’est tout naturellement qu’ils ont aussi produit le
troisième film du même réalisateur, « Black Coal,
Thin Ice » (《白日焰火》),
Our d’or au festival de Berlin
en février 2014.
Entre temps, Vivian Qu a également produit deux
autres films :
« Knitting
» (《牛郎织女》)
de
Yin Lichuan (尹丽川),
et « Longing for the Rain » (《春梦》),
le premier film de fiction de
Yang Lina (杨荔钠).
Ce dernier a demandé un gros travail car Yang Lina
n’était pas parvenue pas à boucler son scénario. Le
film a été projeté en première mondiale au festival
de Rotterdam en janvier 2013 et représente une
avancée intéressante dans la carrière de la
réalisatrice.
Réalisatrice
Pendant ce temps, cependant, Vivian Qu a réalisé son
désir le plus profond : passer elle-même derrière la
caméra.
Son premier film,
« Trap
Street » (《水印街》),
a été présenté en première mondiale au festival de
Venise fin août
Train de nuit
2013, dans le cadre de la Semaine de la critique,
avant de faire le circuit des principaux festivals
de cinéma internationaux où il a glanéde bonnes
critiques etdes récompenses, dont une Mention
spéciale au festival de Vancouver et le grand prix
du jury au festival de cinéma indépendant de Boston.
Son second film, « Angels
Wear White (《嘉年华》),
est sorti en 2017 dans plusieurs festivals, dont le
festival du Golden Horse où il a obtenu le prix de
la meilleure réalisation, et
celui des 3-Continent à Nantesoù il a décroché la Mongolfière d’or.
L’histoire se passe dans une petite ville du Sud de
la Chine où un homme abuse de deux écolières dans un
motel.
La jeune employée qui est à la réception cette
nuit-là est le seul témoin, mais ne dit rien car
elle est clandestine : elle a peur de perdre son
emploi et d’avoir des ennuis. Les deux fillettes
doivent donc se débrouiller toutes seules pour
surmonter leur traumatisme.
C’est un sujet brûlant qui a déclenché une vive
polémique en Chine car une affaire analogue
intervenue dans un jardin d’enfants a défrayé la
chronique à Pékin
au moment de la sortie du film
[1],
puis à Shanghai par la suite.
Angels Wear White
Le film est sorti
en France le 2 mai 2018, sous le titre « Les anges portent
du blanc »
[2].