par Brigitte Duzan, 23 octobre
2015, actualisé 27 août 2017
Né en 1972,
Xu Haofeng est aujourd’hui en Chine l’un des plus
éminents représentants de la littérature de wuxia,
dont il est à la fois un connaisseur d’une immense
érudition et un auteur des plus originaux.
Xu Haofeng, le
réalisateur des « wuxiapian pas comme les autres »
Mais, depuis 2011,
il a aussi investi le domaine du cinéma, en tant que
scénariste et réalisateur, également dans le registre du
wuxia. Il y est aussi original que dans ses écrits, avec
la même complexité dans ses scénarios.
Réalisateur
1. Son premier film,
« The Sword
Identity » (《倭寇的踪迹》),
a été le seul film
chinois en compétition dans la section Orizzonti de la
Biennale de Venise en 2011. Il a voulu, avec ce film,
insuffler du réalisme dans un genre qui a dérivé vers le
fantastique, surtout avec l’utilisation de la 3D.
The Sword Identity
Un
personnage dit dans le film : le secret de la
victoire, c’est la rapidité. On pense alors à King
Hu, à sa technique du glimpse… Rien de tout
cela chez Xu Haofeng ; chez lui, on a l’impression
que la rapidité du geste est précédée d’une sorte de
méditation métaphysique sur la justesse de ce
geste.
L’histoire
même est fondée sur des faits historiques qui ne
sont pas courants dans la littérature, et encore
moins les films, de wuxia : le piratage
japonais sur les côtes du Zhejiang et du Fujian,
entre le 14ème et le 16ème
siècle. Ce contexte est la toile de fond d’une
histoire plus classique : un village côtier est
habité par quatre familles, chacune gardienne d’une
tradition d’arts martiaux.
Quand un
étranger arrive pour les défier au combat, il est
chassé, car il a une arme qui est prise pour une
arme de pirate japonais. C’est en fait une copie
d’une telle arme, faite
par un célèbre
général chinois qui, justement, s’en est servi pour vaincre
les pirates.
Bande annonce
2. En 2012,
Xu Haofeng a écrit et réalisé un second film qui
approfondit les principes et critères esthétiques
du premier : « Judge Archer » (《箭士柳白猿》),
dont il a aussi signé la chorégraphie des scènes
d’action, car non seulement il écrit des romans de
wuxia, mais il pratique aussi les arts
martiaux, depuis très longtemps.
« Judge
Archer » est une sorte de présentation philosophique
de l’art du tir à l’arc. Le personnage principal
exerce une forte influence dans le milieu des arts
martiaux où il réussit à résoudre les différends
entre diverses écoles ; en revanche, il est
incapable de résoudre ses problèmes sentimentaux.
Son système éthique est mis à rude épreuve quand il
est impliqué dans une tentative d’assassinat ratée.
Judge Archer
Bande annonce
3. En
juillet 2014, Xu Haofeng a commencé le tournage
d’une grosse production :
« The Master » (《师父》), ou
« La légende de Wulin » (《武林传奇》). Le film est sorti
en Chine à la mi-décembre 2015, après avoir gagné en
novembre le prix de la meilleure chorégraphie pour
ses scènes d’action au festival du Golden Horse.
Il est inspiré d’une nouvelle du même recueil que
celles dont sont adaptés ses deux premiers films : «
Caché derrière la lame » (《刀背藏身》).
L’histoire est celle d’un maître de wingchun qui, en
1932, veut se faire un nom dans le nord en fondant
une école à Tianjin. Il est interprété par Liao Fan
(廖凡), Ours d’argent à Berlin en 2014 pour son rôle
du détective dans
« Black Coal Thin Ice » (《白日焰火》).
The Master
Bande annonce
4. Son quatrième film,
également adapté d’une des nouvelles du recueil dont
sont adaptés les films précédents, est sorti au
41ème festival des Films du Monde de Montréal, début septembre 2017 : c’est « The Hidden Sword »
(《刀背藏身》), qui se passe dans les années 1930…