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Metteurs en scène

 
 
 
     
 

Fruit Chan 陈果

Présentation

par Brigitte Duzan, 14 novembre 2019 

 

Né en avril 1959, Fruit Chan est un producteur, scénariste et réalisateur original, connu d’abord pour un style réaliste reflétant la vie des couches les plus modestes de la population, avant de s’orienter vers le film d’horreur. Arrivé tardivement dans les rangs d’une deuxième vague du cinéma de Hong Kong née dans la deuxième moitié des années 1980, c’est « Made in Hong Kong » (香港制造) qui l’a rendu célèbre, en 1997 : le film a remporté treize prix et six nominations.

 

Un immigrant passionné de cinéma

 

Fruit Chan est né en Chine continentale, et a immigré à Hong Kong avec ses parents en 1969, à l’âge de dix ans. Enfant, un film soviétique déclenche sa passion pour le cinéma. Alors qu’il est encore collégien, il décroche un petit boulot à mi-temps dans un cinéma qui lui permet de travailler dans la salle

 

Fruit Chan

de projection. Le premier film auquel il assiste est un opéra chinois, réalisé par John Woo (吴宇森) en 1976 : « Princess Chang Ping » (帝女花), une expérience qui n’aura pas de suite dans la production de John Woo, mais qui déjà annonçait certains traits de son cinéma.

 

Fruit Chan étudie ensuite l’écriture de scénario et la mise en scène au Hong Kong Film Culture Centre. Il commence sa carrière en 1986, comme assistant du réalisateur David Lai Dai-Wai (黎大煒) sur le tournage du film « Midnight Girls » (《 午夜丽人》). Puis il est assistant réalisateur de Jackie Chan, Kirk Wong (王正权), Ronny Yu (于仁泰), Shu Kei (舒琪) et bien d’autres.

 

Cinéaste de la Rétrocession

 

En 1991, la chance lui sourit : la production du film sur lequel il travaillait est arrêtée. Il en profite pour tourner lui-même son premier film, dans le même studio : « Finale in Blood » (《大闹广昌隆》), avec le grand acteur Andy Lau (刘德华) ; le film n’est sorti que deux ans plus tard, en 1993, mais il a été très bien reçu par la critique.

 

Princess Chang Ping

 

Made in Hong Kong 

 

1. En 1994, Fruit Chan réussit à réunir 500 000 HK$ et récupère du matériel laissé par d’autres équipes. C’est avec ces bouts de pellicules inutilisées qu’il tourne « Made in Hong Kong » (香港制造), un film étonnant, produit par Andy Lau, avec des acteurs inconnus, montrant l’envers du côté glamour de Hong Kong et considéré comme une illustration de l’atmosphère régnant dans la ville à la veille de la Rétrocession du territoire à la Chine, le 1er juillet 1997.

 

Made in Hong Kong

 

Fruit Chan a construit son film autour de quatre jeunes marginaux, dont l’un, au centre de l’histoire, est un jeune garçon qui a abandonné ses études pour se mettre au service du chef d’une triade. Mais on est aux antipodes des films de triades. L’esprit est bien plus celui de la Nouvelle Vague française, dans un style empruntant aussi des fulgurances à Oshima. La violence est là, mais comme expression du mal de vivre, et de l’impossibilité de l’exprimer autrement. L’atmosphère sombre n’est pas seulement celle de la Rétrocession qui a inspiré tant d’autres films et œuvres littéraires au même moment, c’est plus largement l’image des bas-fonds d’une ville attirante mais dangereuse.

 

En même temps, c’était un pied de nez au système statufié du cinéma de Hong Kong : la première tentative de filmer indépendamment, en dehors des studios, dans un genre réaliste touchant les problèmes sociaux et politiques

du moment, et qui répond aux premiers balbutiements du cinéma indépendant en Chine continentale, au même moment.

 

Made in Hong Kong 

 

Film coup-de-poing, « Made in Hong Kong » avait tout pour devenir un film culte, et il l’est devenu. Il a lancé la carrière de Fruit Chan. C’est le premier volet d’une trilogie baptisée « Trilogie de 97 » (九七三部曲).

 

La trilogie de 97

 

Fruit Chan a en effet poursuivi avec deux films dans le même esprit que « Made in Hong Kong » et sortis les deux années suivantes : « The Longest Summer » (《去年煙花特別多》) en 1998, et « Little Cheung » (《细路祥》) en 1999.

 

2. Produit par Andy Lau comme le film précédent, « The Longest Summer » - dont le titre chinois signifie « pléthore de feux d’artifice l’an dernier » - dépeint les difficultés rencontrées par un groupe de soldats du Hpng Kong Military Corps alors qu’ils sont démobilisés, le Corps étant dissous dans la perspective de la Rétrocession de Hong Kong à la Chine.

 

Le personnage principal est un ancien officier de ce corps d’armée britannique, démobilisé juste avant le retour de Hong Kong dans le giron chinois. Dans l’impossibilité de trouver un autre emploi, il rejoint alors son frère cadet comme chauffeur du chef d’une triade. Ses compagnons d’armes, démobilisés comme lui, sont dans le même cas et ont tous des problèmes financiers. Amer et dépourvu d’autre solution, il décide d’organiser le braquage d’une banque avec son frère et quatre de ces anciens soldats. Mais le jour dit, ils réalisent qu’ils ne sont pas les seuls à avoir eu cette idée.

 

The Longest Summer

 

Fruit Chan renouvelle le miracle de « Made in Hong Kong » en dressant un tableau sans concession de la vie des classes les plus marginales de la société hongkongaise, avec une nouvelle fois des acteurs amateurs (au sein desquels on reconnaît Sam Lee, repris du film précédent, comme un lien entre les deux), et une superbe séquence avec une foule sous une mer de parapluies qui semble un hommage au « Sparrow » (《文雀》) de Johnnie To.

 

The Longest Summer, trailer

 

3. « Little Cheung » pose un autre problème social de Hong Kong, avec toujours autant de sensibilité et de délicatesse : celui des enfants des quartiers pauvres et en particulier les enfants d’immigrés chinois clandestins, chacun luttant pour survivre dans un monde où l’argent est primordial.

 

Le petit Cheung du titre est un enfant qui partage son temps entre l’école et le travail de livraison qu’il fait en dehors des heures de classe pour aider son père qui tient un restaurant. Il se lie d’amitié avec une petite fille qui est une immigrée clandestine et ne peut pas, elle, aller à l’école car elle doit travailler toute la journée à faire la vaisselle dans les tripots des quartiers populaires pour aider sa mère. Les deux enfants se baladent dans les rues de Hong Kong en cherchant le frère de Cheung qui a disparu et en rêvant de lendemains meilleurs.

 

Little Cheung

 

En 2000, le jeune acteur qui interprète Little Cheung a été primé au festival du Golden Horse qui a également primé le scénario.

 

Little Cheung, séquence célèbre (Cheung puni par son père, obligé de rester debout dans la rue, à moitié nu sous la pluie, se met à chanter d’une voie éraillée…)

 

Little Cheung

 

Cinéaste des bas-fonds

 

A partir du nouveau millénaire, dans un contexte de crise du cinéma de Hong Kong, Fruit Chan poursuit son parcours solitaire en réalisant une autre trilogie, tournée vers un segment marginal de la société hongkongaise : la « trilogie des prostituées » (妓女三部曲) dont les trois volets sortent à nouveau à une année de distance : « Durian Durian » (《榴梿飘飘》) en 2000, « Hollywood Hong Kong » (《香港有个荷里活》) en 2001 et « Public Toilet » (《人民公厕》) en 2002.

 

1. « Durian Durian » se passe dans le quartier chaud de Mong Kok et dresse le portrait d’une jeune fille, A Fen (阿芬), dont la famille est illégale à Hong Kong et dont la voisine, A Yan (阿燕), est une prostituée venue du Continent avec un visa de tourisme de trois mois. Yan reçoit des dizaines de clients par jour et finalement, au bout des trois mois, rentre dans sa famille, dans le nord-est de la Chine, pour investir l’argent qu’elle a économisé. La jeune Hongkongaise lui envoie un jour un durian par la poste ; l’odeur très forte du fruit réveille soudain une foule de souvenirs …

 

Fen était aussi la petite amie clandestine de Cheung dans « Little Cheung ». Elle crée donc un lien entre la trilogie précédente et la nouvelle. « Durian Durian » a été couronné de nombreux prix, dont les prix du meilleur film et de la meilleure nouvelle actrice à Qin Hailu (秦海璐) aux Hong Kong Film Awards en 2001 ainsi qu’au festival du Golden Horse.

 

Durian Durian

 

Durian Durian, trailer

 

2. « Hollywood Hong Kong » poursuit la trilogie « des prostituées » avec cette fois un ton qui tourne à l’humour noir et une star dans le rôle principal : Zhou Xun (周迅).

 

 

L’ancienne entrée de Tai Horn Village en 2008,

avec le Plaza Hollywood Shopping Centre en arrière-plan

 

 

L’histoire se passe dans ce qui était encore au début des années 2000 une sorte de petit bidonville à Kowloon, Tai Hom Village (大磡村), enclavé au milieu de grands immeubles, avec juste derrière un grand centre commercial nommé Hollywood

 

Hollywood Hong Kong

Plaza, d’où le titre du film ; le bidonville a depuis lors été détruit tout en préservant le site [1]. 

  

Un habitant du quartier qui écume les sites porno sur internet tombe sur une prostituée venue du Continent, Dong Dong (东东), avec laquelle il passe une nuit torride dans les buissons derrière le Hollywood Plaza. Dong Dong est ainsi introduite dans la vie d’une famille, un boucher et ses deux fils qu’elle fait ensuite chanter en tentant de leur extorquer de l’argent en prétextant un viol. Le film devient alors un jeu de dupes où Dong Dong seule arrive à tirer son épingle du jeu.

 

3. Sorti en 2002, « Public Toilet » est le premier film numérique de Fruit Chan, mais ne fait pas formellement partie de la trilogie, le dernier volet de celle-ci étant sorti en 2018. L’histoire est quelque peu différente : c’est celle d’un jeune Pékinois du nom de Dong Dong (冬冬) qui est né et a grandi dans des toilettes publiques et qui, pour tenter de retrouver ses origines, fait le tour des toilettes publiques du monde entier.

 

Public Toilet

 

Public Toilet, trailer

 

Dumplings

 

Segment d’un triptyque

 

En 2004, Fruit Chan participe à un film d’horreur asiatique – « Three… Extrêmes » (《三更2) [2] - qui confronte trois segments réalisés par trois réalisateurs d’origines géographiques différentes : Japon, Corée et Hong Kong.

 

Dumplings

 

Le segment de Fruit Chan s’intitule « Dumplings » (《饺子》). Le film met en scène une actrice vieillissante, madame Li (李太), qui tente de se rajeunir pour ne pas perdre son mari qui a pris une maîtresse. Elle achète des raviolis (饺子) à une femme mystérieuse, tante Mei (媚姨), qui prétend être bien plus âgée qu’elle ne paraît, grâce à ses raviolis. Or il s’avère que leur farce est faite avec des fœtus avortés récupérés dans une clinique proche où la tante Mei elle-même pratique des avortements clandestins.

 

Madame Li continue cependant à consommer ces raviolis, et une poignée de ceux-ci – faits avec un fœtus avorté de cinq mois – semblent avoir effet positif sur sa libido, mais en même temps sa peau se met à dégager une odeur de poisson. Finalement, la tante Mei doit fuir pour éviter d’être arrêtée. Madame Li se retrouve enceinte, se fait avorter, et l’on se demande ce qu’elle va faire du fœtus…

 

Long métrage

 

Le scénario de « Dumplings » est aussitôt élargi pour en faire un long métrage sélectionné à la Berlinale en février 2005. C’est l’un des grands films de Catégorie 3 sortis à Hong Kong après l’instauration de l’Ordonnance de 1988 instaurant un système de classification des films – les films de catégorie 3 étant interdits aux moins de 18 ans. Il est produit par Peter Chan et Eric Tsang [3] et le scénario est signé Lillian Lee (李碧华) [4].

 

Le long métrage reprend les mêmes personnages que le court métrage, mais en approfondissant les caractères et en dramatisant l’intrigue. La tante Mei se procure ses fœtus dans une clinique de Shenzhen où elle a travaillé dans le passé, et sa livraison miracle qui provoque une nouvelle jeunesse chez madame Li est faite avec le fœtus d’une jeune fille enceinte de cinq mois qui avait été violée par son père et que Mei a aidée à avorter. Un flashback montre les conséquences dramatiques de cet avortement de fortune : la jeune fille meurt d’une hémorragie….  Flashback où l’on retrouve le Fruit Chan peintre des bas-fonds des trilogies précédentes, et qui a un rôle important dans le déroulement de l’intrigue car il amène ensuite le dénouement du film, à la différence du court métrage.

 

Le reste du film est une course hallucinante aux fœtus, et la séquence finale garde une ambiguïté qui fait frémir. C’est une formidable réussite de Fruit Chan, qui joue des ingrédients du film d’horreur en livrant un film d’une grand qualité esthétique, tant du point de vue de l’image que de l’interprétation, par trois excellents acteurs : Miriam Yeung dans le rôle de madame Li, Tony Leung Ka-fai dans celui de son mari, et, dans le rôle de Mei, l’actrice Bai Ling (白灵), qui venait de rentrer en Chine après quelques années aux Etats-Unis et a été primée aux 24èmes Hong Kong Film Awards en mars 2005.

 

Chengdu, I Love You… et après…

 

« Dumplings » apparaît comme un tournant dans l’œuvre de Fruit Chan

 

1. Il lui a fallu cinq ans pour achever son film suivant, « Chengdu, I Love You » (《成都,我爱你》). Il s’agit d’un film en deux parties, coréalisé avec le musicien de rock Cui Jian (崔健) et sorti à la 66ème Biennale de Venise, en septembre 2009 : Il a été achevé après le terrible tremblement de terre du Sichuan, en mai 2008, dont il porte les séquelles, en y mêlant le souvenir de celui de Tangshan [5].

 

Le film raconte deux romances à Chengdu, l’une en 1976, l’autre en 2029. La première partie dépeint l’histoire d’amour entre un maître de thé et une serveuse au moment du tremblement de terre dévastateur de Tangshan ; elle est réalisée par Fruit Chan. La seconde partie est réalisée par Cui Jian comme un film de science-fiction empruntant au film d’arts martiaux ; elle dresse un portrait de jeunes musiciens de rock qui se rencontrent dans un bar à Chengdu où une

 

Chengdu, I Love You

danseuse de samba tente de réaliser deux souhaits : retrouver l’homme qui l’a sauvée quand elle était enfant, alors qu’elle était ensevelie dans les ruines d’un tremblement de terre qui pourrait aussi bien être celui de Tangshan que celui de Wenchuan, et d’autre part retrouver un homme pour venger son cousin, le film retrouvant là un thème des films de wuxia. 

 

« Chengdu, I Love You » apparaît un peu décousu, le lien entre les deux parties, totalement différentes, n’étant dévoilé qu’à la toute fin. Il semble avoir été monté dans l’urgence. En fait, il devait à l’origine être un triptyque, comme les deux « Three » (《三更》). Le troisième réalisateur prévu était le Coréen Hur Jin-ho, avec un épisode se situant dans le présent, c’est-à-dire en 2008. Finalement, cette partie est devenue un film à part entière, un film coréen sorti sous le titre « A Season of Good Rain », avec l’actrice chinoise Gao Yuanyuan (高圆圆) dans le rôle principal.

 

Chengdu, I Love You, trailer

 

2. Également sorti en 2009, coproduit avec l’Afrique du sud et les Etats-Unis, « Don’t Look Up » est un remake d’un film d’horreur japonais éponyme de Hideo Nakata sorti en 1996, qui a été réalisé en fait pour tenter de financer le documentaire sur Joseph Losey que voulait tourner le réalisateur. Il n’a eu aucun succès au Japon, et on se demande pourquoi Fruit Chan a voulu en faire un remake. Il semble s’orienter dès lors vers le film d’horreur.

 

3. En 2013, avec l’acteur Simon Yam (任达华) dont c’était la première réalisation, il participe à un nouveau triptyque, le premier volet de la série « Tales from the Dark » (《李碧华鬼魅系列.迷离夜》), histoires de fantômes adaptées de nouvelles de Lillian Lee. C’est la dernière partie, « Jing Zhe » (《惊蛰》), qui est réalisée par Fruit Chan, avec un titre qui désigne le « réveil des insectes en hibernation » au début du printemps, 3ème des 24 périodes solaires du calendrier chinois. La série apparaît comme un regard nostalgique sur les grands films hongkongais dits d’horreur réalisés dans les années 1980 et au début des années 1990, ancrés dans des archétypes locaux, mêlant croyances traditionnelles et géographie urbaine. Le segment de Fruit Chan n’est pas le meilleur, malgré une optique quasi-documentaire qui rappelle ses premiers films.

 

Tales from the Dark 1

 

4. L’année suivante, Fruit Chan renouvelle le genre en adoptant le ton de la comédie satirique. « The Midnight After », sorti avec un titre chinois à rallonge qui est un résumé de l’histoire : 《那夜凌晨,我坐上了旺角开往大埔的VANc’est-à-dire « Cette nuit-là, aux premières lueurs de l’aube, j’ai pris un minibus rouge à Mong Kok en direction de Tai Po ».

 

Le scénario est adapté d’un roman initialement publié sur internet, sous forme de feuilleton, entre février et juillet 2012 par un jeune écrivain hongkongais qui avait alors 25 ans et écrivait sous le pseudonyme ‘Mr Pizza’. Le roman a finalement été publié en version papier en juillet 2012, et le film est sorti en février 2014 à la 64ème Berlinale.  

 

Il y a 17 personnes à bord de ce minibus, mais, après être passé dans un tunnel, il semble circuler dans un monde étrange d’où toute circulation a disparu. Les passagers commencent à tomber malades… le film a été salué par les uns comme un retour de Fruit Chan au style incisif de ses débuts, par d’autres comme une persistance dans ses errances sans unité stylistique.

 

5. « The Midnight After » a été suivi en 2016 de « Kill Time » (《谋杀似水年华》), un mélange de romance et de film noir à suspense. Il s’agit d’une coproduction sino-hongkongaise avec des acteurs chinois et hongkongais, sortie en février 2016 en Chine continentale.

 

Dans un contexte de crise du cinéma hongkongais, Fruit Chan s’est vu obligé de sacrifier aux sirènes du marché chinois comme ses confrères, mais il est revenu vers ses débuts avec son film suivant.

 

Kill Time

 

6. Sorti en octobre 2018 au 31ème Festival international du cinéma de Tokyo, « Three Husbands » (《三夫》) était en effet annoncé comme un ultime volet de la « trilogie des prostituées » du début des années 2000, faisant suite à « Durian Durian » et « Hollywood Hong Kong », en passant sous silence « Public Toilet ».

 

Le personnage central du film est une femme qui vit sur un bateau dans les docks de Hong Kong comme les prostituées d’antan dans la région de Suzhou, en mettant tout son cœur dans son métier, ou du moins tout son corps, dans une frénésie apparemment insatiable qui frise l’instabilité mentale.

 

Répondant aux deux premiers volets de la trilogie au début du millénaire, Fruit Chan prend ce même thème comme symbole satirique de la société hongkongaise près

 

Three Husbands

de vingt ans après la Rétrocession : la société apparaît au bord de la folie, voire de l’autisme, entre humour absurde et joyeuse vulgarité. Le rôle principal est interprété par l’actrice chinoise Zeng Meihuizi (曾美慧孜) qui a commencé dans « Summer Palace » (《颐和园》) de Lou Ye (娄烨) en 2006 et que l’on a retrouvée dans « Le Lac des oies sauvages » (《南方车站的聚会》) de Diao Yinan (刁亦男) en sélection officielle au 72ème festival de Cannes en mai 2019.  

 

Three Husbands, trailer

 

Fruit Chan semble tourner en rond, mais peut-être est-ce à cause de son sujet même. On préfère cependant en revenir à ses débuts, dans un élan nostalgique vers le passé.

 

Débuts de scénariste

 

Avant de se lancer dans son premier film, en 1997, Fruit Chan a de nombreuses années été assistant réalisateur, mais aussi scénariste. Il a été, en particulier, le scénariste du superbe film de Yonfan (杨凡) sorti en 1995 : « Buggis Street » (《妖街皇后》), dont l’une des forces tient justement à la qualité du scénario et des dialogues.

 

C’est aussi la force des films de ses deux trilogies, dont il a également écrit les scénarios, ainsi que des films adaptés des nouvelles de Lillian Lee, sur des scénarios écrits en collaboration avec elle.

 


 

[1] L’histoire du « village » est typique de Hong Kong : https://en.wikipedia.org/wiki/Tai_Hom_Village

[2] Il s’agit de la séquelle d’un premier film conçu selon la même idée et sorti en 2002, avec le troisième segment réalisé par Peter Chan : « Going Home » (回家).

[3] Acteur, réalisateur, producteur de cinéma et de télévision et animateur d’émissions de variétés.

[4] Célèbre romancière populaire et controversée, scénariste en particulier de « Adieu ma concubine » (《霸王别姬》), voir : http://www.chinese-shortstories.com/Auteurs_de_a_z_Li_Bihua_Lilian_Lee.htm

[5] Voir « 1428 » de Du Haibin (杜海滨). Les mémoires respectives des deux tremblements de terre sont également liées dans « Aftershock » (《唐山大地震》) de Feng Xiaogang (冯小刚).

 

 

 

 

     

 

 

 

 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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