Huang
Shuqin est l’une des grandes réalisatrices chinoises
contemporaines dont l’œuvre reste pourtant peu
connue, et même souvent ignorée des dictionnaires et
encyclopédies de cinéma, chinois ou asiatique, sans
doute parce qu’elle est inégale.
Après un
début de carrière tardif pour cause de Révolution
culturelle, elle s’est peu à peu imposée, dans le
paysage cinématographique chinois des années 1980,
comme une voix originale qui, sans être
« féministe » au sens littéral du terme, offreune
réflexion profonde, aux tonalités douloureuses, sur
la condition de la femme en Chine, et plus
particulièrement celle des femmes artistes dans un
monde en transition, entre tradition et modernité. A
cet égard, son film de 1987,
« Woman,
Demon, Human » (《人.鬼.情》),
peut être considéré comme un chef d’œuvre.
Huang Shuqin
Brillantes
promesses, et purgatoire
Fille de…
Huang Zuolin jeune
Huang
Shuqin (黄蜀芹)
est née à Shanghai au début de l’automne 1939
[1],
dans une famille d’artistes originaire du Guangdong,
disent ses rares biographies.
Elle est en fait la
fille de Huang Zuolin (黄佐临),
grand
dramaturge chinois,
formé en Angleterre, qui fut l’une des personnalités
marquantes du théâtre à Shanghai à partir de 1939
et, entre autres, en 1950, l’un des co-fondateurs du
People’s Art Theatre de Shanghai qu’il a dirigé
pendant 44 ans. Mais c’est aussi grand cinéaste,
qui, en 1946, participa à la création de la
compagnie cinématographique Wenhua ; son premier
film, une comédie satirique, fut le premier film
chinois à être doublé en anglais et exporté, et “The
Watch” (《表》) en 1949 a été classé par l’historien du
cinéma Georges Sadoul comme l’un des films chinois
les plus marquants de la période.
Quant à la
mère de Huang Shuqin, Jin Yunzhi (金韵之)
– également connue sous son pseudonyme anglais
Danny (丹尼)
– elle était une actrice de théâtre
célèbre, née en 1912. Elle a accompagné son époux en
Angleterre en 1935, et a reçu avec lui non seulement
l’enseignement du King‘s College à Cambridge, mais aussi du
Brechtian Epic Theatre et autres. Elle est décédée en 1995,
un an après son époux
[2].
Huang
Shuqin apparaît donc d’abord comme une héritière, et
ces antécédents familiaux, qui ont formé sa
personnalité, se retrouvent dans son œuvre, à la
base de sa réflexion ; c’est son histoire familiale
qui constitue, en particulier, l’arrière-plan
fortement autobiographique de son film
« Woman,
Demon, Human ».
Etudes de
cinéma… et Révolution culturelle
Après avoir
terminé ses études secondaires, en 1957, Huang
Shuqin s’est présentée à l’Institut du cinéma de
Pékin. Mais l’Institut n’a pas recruté d’élèves
cette année-là, elle a dû attendre deux ans, et n’y
est entrée qu’en 1959.
Elle en est
sortie en 1964, et a été affectée au Studio de
Shanghai, comme script puis assistante réalisatrice.
Mais c’étaient déjà les prémices de la Révolution
culturelle. Le studio de Shanghai a cessé toute
production jusque dans les
Huang Zuolin et son
épouse
à Tianjin en
1931
années 1970 et
Huang Shuqin devra attendre 1977 avant de pouvoir tourner un
film.
En outre, son
grand-père paternel avait été comprador de la compagnie
Shell International Oil Products, Son père a donc été
attaqué pendant la Révolution culturelle, cette raison
s’ajoutant à ses facteurs personnels. La période a été très
dure pour la famille.
Réalisatrice en
quête d’identité
1977 enfin
Lianxin Dam
Le studio
de Shanghai n’avait pas attendu la fin de la
Révolution culturelle pour recommencer à produire
des films, mais c’est véritablement à partir de 1977
que le studio retrouve une certaine liberté de
manœuvre, dans un contexte politique encore
incertain.
Huang
Shuqin débute cette année-là comme coréalisatrice,
avec Xu Weijie (徐伟杰)
[3],
de « Lianxin Dam » (《连心坝》),
un film très marqué par l’esthétique des films
tournés à la fin des années 1970.
Il a été
tourné sur les rives de la rivière Chinglung (青龙河),
dans le sud de la Chine, dans une région où le
manque d’eau était source de conflits entre les
nationalités riveraines ; il dépeint, après la
"Libération", les efforts des trois nationalités
(Tujia
土家,
Miao
苗
et Han
汉)
en vue de surmonter leurs querelles et unir leurs
forces afin de construire un barrage pour lutter
contre la sécheresse.
Le titre signifie littéralement
« le barrage des cœurs unis ». Le message correspond
à l’appel à l’unité nationale lancé par Deng
Xiaoping aux lendemains de la chute de la Bande des
quatre ; il s’insère aussi dans le contexte des
films mettant en scène les nationalités dites
minoritaires de façon un tantinet exotique, dans le
prolongement de ce qui se faisait dans les années
1950-1960
[4].
Assistante
de Xie Jin
Huang Shuqin à
l’époque de Lianxin Dam
Après cette
première expérience, Huang Shuqin devient l’assistante de
Xie Jin (谢晋), l’un des représentants les plus éminents de la
quatrième génération.
En 1979, elle est
son assistante pour « Ah, Yao Lan » (《啊,摇篮》),
un film qui se passe en 1947, alors qu’une base communiste a
été attaquée, et que les orphelins doivent être escortés
dans une zone sûre. Le style se veut réaliste, et le ton est
empreint d’une grande chaleur humaine ; Xie Jin se dégage
des stéréotypes des films de guerre de la production
officielle.
Ah, Yao Lan, le
film (non sous-titré)
L’année suivante,
Huang Shuqin est encore l’assistante de
Xie Jin, pour
« La
légende du Mont Tianyun » (《天云山传奇》),
l’un des grands classiques du renouveau du cinéma chinois au
tout début des années 1980 : un mélodrame qui frappe par des
innovations marquantes, tant dans la peinture des
personnages que dans la critique politique.
1981 : premier film
Dangdai Ren
C’est tout
de suite après
« La
légende du Mont Tianyun »que Huang Shuqin
obtient enfin de tourner son premier film, sorti en
1981 : « The Modern Generation » (DangdaiRen
《当代人》),
avec une musique « moderne » restée plus célèbre que
le film lui-même, dont la thématique est résolument
dans la ligne de la politique d’ouverture et de
développement lancée par Deng Xiaoping.
L’histoire
se passe dans une petite ville du sud de la Chine,
où se trouve une usine de tracteurs dont la
production a souffert du laxisme des années
précédentes. Les tracteurs produits sont dangereux
et renvoyés à l’usine. Un nouveau directeur veut
lancer un plan de modernisation à 20 ans. Mais le
directeur adjoint préfère simplement réparer les
tracteurs défectueux qui encombrent l’usine ; il
constitue une équipe de techniciens, puis envoie une
camarade à Shanghai acheter des moteurs diesel à bon
prix. Finalement il réussit à produire des tracteurs
bon marché et fonctionnels.
Le film respire
l’atmosphère de l’époque, débordante de vitalité et
privilégiant le pragmatisme, mais dans un style peu
novateur.
Or, 1981 est,
aussi, l’année du film Sha’ou ou
« The
Drive to Win » (《沙鸥》)
de
Zhang Nuanxin (张暖忻),
autre réalisatrice de la même génération, sortie de
l’Institut du cinéma de Pékin en 1962, dont le début de
carrière a été retardé de la même manière par la Révolution
culturelle, et qui a débuté aussi comme assistante de
Xie Jin, mais, elle,
sur le tournage de « Chunmiao » en 1975.
Beaucoup de points
communs, donc, les rapprochent, mais
Zhang Nuanxin
est une théoricienne du cinéma, qui a lancé en 1979, un
mouvement de renouveau du cinéma chinois avec son article
désormais célèbre,
« De la modernisation du langage cinématographique » (《谈电影语言的现代化》).
Sha’ou
en est non seulement une application au niveau du style,
mais apparaît également comme le reflet des sentiments
personnels de la réalisatrice, évoquant douloureusement le
sacrifice de sa génération.
Malgré ses
imperfections,
« The Drive to Win »est resté dans les
annales, contrairement au film de Huang Shuqin. Elle
n’a pas encore eu le temps de mûrir et son style et
sa réflexion…
1983-1984 :
deux films sur la jeunesse
Son film
suivant, en 1983, est une étape sur la voie de
l’expression personnelle, à travers l’adaptation de
la première nouvelle de Wang Meng (王蒙),
écrite à 19 ans en 1953, mais publiée seulement en
1979 : « Vive la jeunesse » (《青春万岁》)
[5].
Sorti sous le titre anglais de
« Forever Young », le film reprend fidèlement
la description de la vie des jeunes filles faite
dans la nouvelle, mais c’est aussi parce que le
récit de Wang Meng est un écho des propres souvenirs
de la réalisatrice, en particulier ceux de ses
années dans un collège de filles, comme elle
l’évoque dans un long article publié en juin 1983
[6]
:
Forever Young, 1983
« Je me souviens
que deux de mes amies et moi-même tenions un journal
intime ; nous y notions les futilités de la vie quotidienne
à l’école, les tristesses de l’une, les joies d’une autre,
les devoirs que nous avions à faire, nos efforts pour
surmonter nos faiblesses ; c’était insignifiant mais j’y
tenais beaucoup, et je le relis encore de temps en temps …
des petites notes sans importance, mais tellement sincères,
c’est un trésor. »
Lü Liping dans
Childhood Friends
En 1984,
Huang Shuqin
réalise un autre film sur un thème semblable : « Childhood Friends »
(《童年的朋友》). Il est surtout mémorable parce qu’il donne son premier rôle à
l’actrice Lü
Liping (吕丽萍).
Huang Shuqin
enchaîne en 1986 avec un film sans doute plus ou
moins influencé par le succès de
« L’affaire
du canon noir » (《黑炮事件》)
sorti l’année précédente : « Crossing
Border Action » (《超国界行动》).
Il marque
en fait une transition : c’est la fin de ses années
de formation, à la recherche d’elle-même autant que
d’un style qui lui soit propre. Et cette recherche
d’une dizaine d’années débouche sur le film qui en
est l’aboutissement, son film le plus personnel et
en même temps le sommet de son œuvre …
Réflexion
sur la femme, et sur la condition de l’artiste
1987 :
Woman, Demon, Human
Ce film,
sorti en 1987, c’est
« Woman,
Demon, Human » (《人鬼情》),
une œuvre de maturité et une œuvre de réflexion, sur
la femme et sa place dans la société chinoise, la
femme artiste, surtout, et sa difficile conquête
d’un espace de création et d’épanouissement qui soit
aussi espace identitaire.
« Woman,
Demon, Human »
est inspiré de la vie véritable de la grande actrice
d’opéra Pei Yanling (裴艳玲),
spécialisée dans
Crossing Border Action
les rôles masculins
du répertoire de l’opéra du Hebei, et en particulier celui
du chasseur de démons Zhong Kui (钟馗).
Woman, Demon, Human
L’histoire
de son alter ego fictionnel, Qiuyun (秋云),
joue de plusieurs symboles identitaires, dans les
relations complexes de la jeune femme avec sa mère,
qui s’est enfuie avec un autre homme, et avec son
père, directeur de troupe qui refuse qu’elle monte
sur les planches pour interpréter un rôle masculin
comme celui de Zhong Kui.
La fiction
touche d’autant plus qu’elle est non seulement
fondée sur des faits réels, mais qu’elle reflète
aussi des éléments autobiographiques tout aussi
significatifs. C’est cet aspect de recherche
identitaire personnelle, mais transcendée pour en
faire une
illustration emblématique de la condition de la femme dans
la société chinoise des années 1980 qui donne au film sa
forte tonalité émotionnelle, renforcée par des compositions
et des images très travaillées qui assurent un impact visuel
optimal.
Dans
« Woman,
Demon, Human »,
la forme est aussi
maîtrisée que le fond, pour faire du film une œuvre majeure
du cinéma chinois de la grande période d’or que sont les
années 1980.
Poursuivant la même réflexion sept ans plus tard, sur une
base très semblable, mais dans des conditions économiques
différentes, en tentant de répondre à l’appel du marché,
Huang Shuqin a livré un film qu’elle a voulu plus
commercial, et qui est bien moins réussi.
1994 : A Soul
Haunted by Painting
« A
Soul Haunted by Painting » (《画魂》)
est à nouveau inspiré de la vie réelle d’une
artiste, cette fois une des grandes femmes peintres
de la Chine moderne : Pan Yuliang (潘玉良).
Le film est adapté de sa biographie écrite par la
romancière Shi Nan (石楠).
Née en
1895, Pan Yuliang était dans une maison close quand,
en 1913, elle en est sortie pour devenir la seconde
épouse d’un riche lettré dont elle prit le patronyme,
Pan Zanhua (潘赞化). Alors qu’il était parti combattre dans le Yunnan, elle
commence à prendre des cours de peinture à Shanghai,
puis, en 1923, part étudier à Paris où elle se
spécialise dans la peinture de nus féminins. Elle
rejoint Pan à Nankin dans les années 1930 et y
devient professeur et célèbre jusqu’à ce qu’on
découvre son passé. Elle revient alors finir ses
jours à Paris où elle meurt dans une semi-misère, en
1977.
A Soul Haunted by
Painting
Pan Yuliang,
autoportrait
C’est une
grand artiste et une figure tragique, marquée par
ses débuts en maison close, puis par un statut de
concubine qui la confine dans une position sociale
marginalisée en dépit de son talent, ou plutôt
renforcée par sa qualité de peintre de nus qui
l’expose au scandale. En ce sens, elle est, comme
Qiuyun, en quête d’un espace personnel de création
socialement reconnu, qui lui permettre de s’épanouir
en tant qu’artiste. C’était un sujet en or qui
aurait pu faire un second volet d’un diptyque sur la
condition féminine venant en complément de
l’histoire de Pei Yanling, Pan Yuliang
représentant parfaitement la société chinoise en transition
du début des années 1990, écartelée entre tradition et
modernité.
Or Huang Shuqin a tourné son film à un moment où le
cinéma chinois entrait dans l’ère commerciale ; elle
a donc tenté de se cadrer dans ce nouveau contexte
en tentant d’attirer le grand public par le côté un
peu scabreux de son sujet ; elle a même tourné une
scène de nu qui a provoqué l’interdiction momentanée
du film, en alimentant la controverse. Elle a en
outre choisi Gong Li (巩俐)
pour interpréter Pan Yuliang, et
Zhang Yimou
comme conseiller artistique.
Quatre femmes après le
bain, par Pan Yuliang
Gong Li
n’est guère crédible dans un rôle mal défini, mais
surtout la réalisatrice s’est perdue entre des
exigences artistiques contradictoires. Il reste à
faire un film sur Pan Yuliang.
En même
temps séries télévisées
En 1997,
Huang Shuqin
réalise encore un film qui se veut commercial. Sur
un scénario cosigné de la réalisatrice
Peng Xiaolian (彭小莲),
« My Daddy » (《我也有爸爸》) met
en scène un jeune garçon de dix ans atteint de
leucémie, qui s’invente pour père une star du
football.
A partir de
1990, cependant, Huang Shuqin a travaillé aussi pour
la télévision, en réalisant en particulier des
adaptations d’œuvres littéraires qui sont plus
intéressantes que ses œuvres cinématographiques de
la décennie, sans doute parce qu’elle n’était pas à
l’aise avec les contraintes commerciales croissantes
du cinéma.
L’un de ses
plus grands succès à la télévision est son
adaptation, en 1990, du roman « La
forteresse assiégée » (《围城》)
de Qian Zhongshu (钱钟书),
paru en 1947 et réédité en 1980, mais devenu un
bestseller après la diffusion du film. Plus
récemment, en 2004, Huang
Shuqin
a signé une série adaptée du roman « Un destin de
rires et de pleurs » (《啼笑因缘》)
publié en 1930 par Zhang Henshui (张恨水)
[7].
Elle n’a
plus rien tourné depuis lors, mais une grande
rétrospective de ses films a été organisée en 2009,
pour le cinquantième anniversaire non de sa
carrière, mais de ses débuts comme étudiante à
l’Institut du cinéma de Pékin.
Filmographie
Cinéma
1977
Lianxin Dam 《连心坝》
1981 The
Modern Generation
《当代人》
1983
Forever Young
《青春万岁》
adapté du roman éponyme de Wang Meng publié en 1953
1990 La
forteresse assiégée Weicheng
《围城》
série télévisée en dix épisodes adaptée de l’oeuvre de Qian
Zhongshu (钱钟书).
1994 Dettes morales
Niezhai
《孽债》
série télévisée en 20 épisodes sur un scénario de Ye Xin (叶辛).
1995 Une promesse
《承诺》
série télévisée en 30 épisodes
2002 Les aléas de la vie à Shanghai
《上海沧桑》
série télévisée en 50 épisodes
2004 Undestin de rires et de pleurs
Tíxiào yīnyuán
《啼笑因缘》
série télévisée en 40 épisodes adaptée du roman éponyme de
Zhang Henshui (张恨水)
publiéen 1930.
Publications
Articles et
interviews de Huang Shuqin
Juin 1983
Commentaires sur « Forever Young », Reflets
authentiques d’une existence sincère
《真挚的生活真诚地反映》
Mai 1995
Les femmes, dans le monde masculin du cinéma (dans
la revue Cinéma contemporain, p. 70)
《女性,在电影业的男人世界里》,《当代电影》1995年第5期,第70页。
2002
Interviews : Questions sur le moi /
《追问自我》
/
《东边光景独好》
Ouvrage sur
ses films
- en
anglais :
1992 Huang
Shuqin : a Woman Film Director, Xiao Li, Chinese
Literature 2 : 178-81
- en
chinois :
2009 Huang
Shuqin et ses films
《黄蜀芹和她的电影》,
par les professeurs Zhang Zhongnian et Gu Chunfang
张仲年/
顾春芳,
éditions du peuple de Shanghai.
[2]
En juin 1999, Huang Shuqin a donné à la Bibliothèque
de Shanghai plus de trois mille livres anglais ainsi
que des manuscrits, lettres, photos et documents
divers qui faisaient partie de la collection
personnelle de son père.
[3]
Cinéaste né en 1940, et sorti en 1963 de
l’école de cinéma de Shanghai, dont « Lianxin Dam »
était aussi la première réalisation.
[6]
Commentaires sur « Forever Young » : Reflets
authentiques d’une existence sincère
《真挚的生活真诚地反映》,
article publié dans la revue Nouveaux écrits sur le
cinéma
《电影新作》.