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William Chang
张叔平
Présentation
par Brigitte Duzan, 13 décembre 2019
Né en novembre 1953 à Hong Kong, William Chang, ou
Chang Suk-ping (张叔平),
est l’un des grands monteurs, directeurs artistiques
et créateurs de costumes du cinéma de Hong Kong.
Avec le directeur de la photographie Christopher
Doyle, il a été en particulier un important
collaborateur de
Wong Kar-wai,
à partir de « As Tears Go By » (《旺角卡门》)
en 1988.
Directeur artistique, costumier et monteur
Fils d’un chef d’entreprise, il a commencé dès son
adolescence à se passionner pour le cinéma. A l’âge
de 14 ans, il avait déjà vu suffisamment de films
pour être sûr que c’était ce qu’il voulait faire. Au
début des années 1970, il réussit à se faire
introduire auprès de la réalisatrice
Tang Shu Shuen (唐书璇)
qui lui donna un petit boulot sur le plateau. Son
père a alors accepté de lui payer des études dans
une école de cinéma |
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William Chang |
à Vancouver, mais en lui recommandant bien de ne rien en
dire à la famille. Il est rentré en 1976 à Hong Kong et a
débuté une carrière qui l’a conduit à travailler avec les
grands réalisateurs de la nouvelle vague de Hong Kong comme
Patrick Tam (谭家明),
Yim Ho
(严浩)
ou
Tsui
Hark (徐克),
d’abord surtout comme costumier.
En 1990, sa réputation était faite. Il a obtenu
d’innombrables prix, dont dix-huit aux Hong Kong Film
Awards, la première fois en 1985, et sept fois au festival
du Golden Horse. Son travail pour
« Rose
rouge, Rose blanche » (《红玫瑰与白玫瑰》)
de
Stanley Kwan (关锦鹏)
lui a valu le prix des meilleurs costumes/meilleurs
maquillages aux Hong Kong Film Awards en 1996.
En tenue de festival
(photo Frederic Brown,
Getty Images, 2014) |
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En 2000 il a obtenu la même récompense au Golden
Horse pour
« In
the Mood for Love » (《花样年华》) :
c’est à lui que l’on doit les fabuleux qipao
de Maggie Cheung ainsi que sa coiffure ; William
Chang a partagé avec les deux chefs opérateurs du
film le Grand Prix technique décerné au film au
festival de Cannes. En 2012, il a été récompensé
pour les costumes de « Let the Bullets Fly » (《让子弹飞》)
de
Jiang Wen (姜文).
En 2014, son travail sur les costumes de
« The
Grandmaster » (《一代宗师》)
lui a valu une nomination aux Oscars.
C’est surtout à partir de 2001 qu’il commence à
obtenir des récompenses pour son travail de monteur
aussi, avec le prix du meilleur montage décerné à
« Lan Yu » (《蓝宇》)
de
Stanley Kwan
au Golden Horse en 2001.
En 2018, il a collaboré avec
Pema Tseden (万玛才旦)
pour le montage de « Jinpa »
(《撞死了一只羊》)…
produit par
Wong Kar-wai. |
Il est réputé pour être réservé et discret sur un plateau,
se lançant dans son travail une fois bien comprise
l’ambiance à créer : il est « le maître de l’atmosphère »
qu’il imagine à partir des vieux films qu’il regarde à la
télévision et qu’il recrée avec un sens obsessif du détail.
C’est cela qui permet aux acteurs de peaufiner les
caractères de leurs personnages.
Il revendique l’absence de style personnel, tout
simplement parce qu’il faut qu’il en change
constamment, en s’adaptant à chaque nouveau film. Il
est quand même un grand spécialiste, et consultant,
des films recréant l’atmosphère des années 1970,
d’arts martiaux en particulier. Il dit pourtant
préférer le contemporain.
En dehors du cinéma
William Chang est aussi très recherché dans le monde
du film publicitaire. C’est sous couvert
d’anonymat qu’il a tourné une série de films pour
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Avec Wong Kar-wai en
2019 |
des campagnes de produits de grande consommation comme les
produits pour les soins de la peau SKII.
Il travaille aussi comme décorateur d’intérieur, pour
des résidences privées ou des espaces commerciaux. C’est
ainsi qu’il a créé en 2006 une résidence pour les
professeurs étrangers à l’université Shantou de Canton. Puis
il a travaillé sur la décoration d’un centre de soins
hydrothérapiques dans le quartier d’affaires au centre de
Hong Kong.
Il est aussi
simple qu’il est occupé, réputé ne posséder dans toute sa
garde-robe que des T-shirts, quatre jeans, et seulement deux
paires de chaussures à la fois : une paire de chaussures de
sport et une paire de chaussures vernies noires « pour les
festivals »
.
« Je n’aime pas la mode, dit-il, ça ne dure pas ». Ce qui
dure, ce sont ses créations.
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