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Gong Li
巩俐
Présentation
par Brigitte Duzan, 29 janvier 2015
Il est incontestable que Gong Li est l’une des
grandes actrices du cinéma chinois du dernier quart
de siècle. Mais on ne la connaît, bien souvent, que
pour les grands rôles qu’elle a interprétés dans les
films de Zhang Yimou, à partir de 1987, car ce sont
ceux qui ont fasciné le public et les critiques
occidentaux. Tout un buzz médiatique est également
alimenté par les péripéties de sa vie personnelle,
qui n’ont bien souvent que des rapports très ténus
avec sa carrière d’actrice.
Or
c’est celle-ci qui nous intéresse, car elle
constitue un élément représentatif de trente ans
d’histoire du cinéma chinois.
Débuts d’actrice à la fin des années 1980
Gong Li est née en 1965 à Shenyang, dans le Liaoning
(辽宁沈阳),
mais elle a grandi à Jinan, dans le Shandong (山东济南)
où |
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Gong Li en 1987, à 22
ans,
quand Zhang Yimou l’a
rencontrée |
ses parents sont transférés en 1966, au début de la
Révolution culturelle.
Enfance pendant la Révolution culturelle
Gong Li enfant |
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Ses parents étaient professeurs. Ils avaient cinq
enfants ; Gong Li, la petite dernière, avait
quatorze ans de différence avec son aîné le plus
proche : sa mère avait quarante ans quand elle est
née. Ses frères, comme leurs parents, sont devenus
enseignants, sa sœur est médecin. Mais, pendant la
Révolution culturelle, ils ont été envoyés
travailler dans les champs, tandis que les parents
étaient affectés à une usine.
Gong Li, elle, était trop petite pour souffrir : ce
fut plutôt une période bénie où elle n’a pas été
obligée d’aller à l’école. Pour les gamins de son
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âge, la
Chine était le pays des grandes vacances, une Chine couverte
de placards en gros caractères, dont elle garde un souvenir
bicolore sur fond de bleu uniforme : vert des soldats et
rouge des drapeaux.
Elle rêve de devenir chanteuse et de faire partie d’une de
ces troupes de chants et de danse qui parcourent le pays. En
deuxième année du collège, elle entre dans la troupe
artistique de l’école (校文艺队).
Etudiante à l’Institut d’art dramatique à Pékin, et soudain…
En 1983, elle rate le concours d’entrée à
l’université. Mais ses parents ne cèdent pas à ses
prétentions artistiques, et elle doit recommencer
une année de préparation tout en travaillant. En
1984, elle décroche un emploi temporaire aux
éditions du Shandong. C’est un responsable de
l’armée qui la présente alors à l’acteur et
réalisateur Yin Dawei (尹大为)
qui travaillait au Centre d’art du Guangdong ; de
sept ans son aîné, il va exercer une grande
influence sur elle. Il dit lui avoir appris à
observer la |
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Yin Dawei avec Gong Li |
vie autour d’elle et trouver le sentiment juste.
En 1985, finalement, elle est admise à l’Institut central
d’art dramatique de Pékin, dont elle ne sortira qu’en 1989.
Mais, en 1987, alors qu’elle n’est encore qu’en deuxième
année, elle est remarquée par
Zhang Yimou qui la choisit pour
interpréter le rôle principal dans son premier film,
« Le
Sorgho rouge » (《红高粱》) :
celui de Jiu’er (九儿),
la mariée du lépreux.
Le film est produit par
Wu
Tianming (吴天明),
et réalisé au studio de Xi’an qui va devenir la pépinière de
la cinquième génération. Il connaît un immense succès en
Chine. Gong Li a vingt-deux ans, sa carrière est lancée,
mais sa vie, aussi, prend un tournant décisif : elle ne va
pas quitter Zhang Yimou pendant huit ans - il tournera ses
plus beaux films avec elle, et elle interprétera ses plus
beaux rôles dans ses films.
1987-1995 : naissance et essor d’une grande actrice
En attendant, la période bénie des années 1980 s’achève dans
un bruit de chars, et un silence lourd tombe sur la Chine. A
la fin de ses études, Zhang Yimou emmène Gong Li tourner à
Hong Kong.
1989-1990 : Intermède hongkongais
Opération Jaguar |
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En 1989, Gong Li tourne avec le grand réalisateur
Li Han-hsiang (李翰祥),
dans l’un de ses derniers films, typiques de son
style : « La dernière impératrice » (《西太后》),
où Cixi est interprétée par Liu Xiaoqing (刘晓庆)
et l’empereur par Chen Daoming (陈道明).
Formidable apprentissage.
Cette même année, elle tourne aussi dans un film
réalisé par
Zhang Yimou :
« Opération Jaguar » (ou Code Name Cougar《代号美洲豹》).
Elle y interprète le rôle d’une infirmière,
A Li (阿丽),
prise en otage lors du
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détournement d’un avion par
des révolutionnaires taïwanais. C’est un film
totalement atypique dans la filmographie de
Zhang Yimou,
un thriller doublé d’une intrigue politique, mais
caviardé par la censure chinoise. C’est cependant un
rôle intéressant pour Gong Li, face à un
Ge You (葛优)
encore à ses débuts. On les retrouvera tous les deux
dans
« Vivre ! »
(《活着》)
cinq ans plus tard.
En 1990, Gong Li tourne ensuite, avec Zhang Yimou,
dans un film d’action hongkongais, « A
Terracotta Warrior »
(《秦俑》),
réalisé par
Chiu Siu-tung (程小东),
d’après un roman de Lilian Lee (李碧华)
et produit par
Tsui Hark (徐克).
1990-1992 : femmes meurtries, femmes insoumises
1990 est surtout l’année de
« Judou »
(《菊豆》),
première grande fresque historique de Zhang Yimou,
coréalisée avec |
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Terracotta Warrior |
Yang Fengliang (楊凤良),
que l’on peut considérer comme le second volet d’une sorte
de trilogie avec
Dans ces films, elle
interprète des femmes meurtries, qui tentent de
s’évader de leur condition d’objets négociables,
sans autonomie sociale ni possibilité de vie
personnelle, mais qui n’ont guère d’échappatoire.
Nous sommes encore dans la « société féodale », les
femmes sont dans une nasse.
L’année suivante, en 1992, dans
« Qiu
Ju, une femme chinoise » (《秋菊打官司》),
Gong Li incarne une femme de la Chine nouvelle, une
femme libérée et vindicative qui se rebelle
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Songlian dans Epouses
et concubines |
contre
l’injustice faite à son mari – injustice publique qui
demande réparation. Qiu Ju est encore dans
Qiuju |
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un
système traditionnel où la face est l’élément moteur
de la vie au village, et dans une société où
l’individu ne fait guère le poids contre la
collectivité.
Qiu Ju est un rôle en or pour Gong Li, l’un des
sommets de sa carrière. Il lui vaut d’être nommée
meilleure actrice à la Biennale de Venise en 1992.
Une consécration.
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En 1993, elle tourne avec
Chen Kaige (陈凯歌),
dans
Adieu ma concubine (《霸王别姬》),
mais, bien qu’il ait obtenu le prix des critiques de
cinéma de New York, le rôle de Juxian (菊仙)
qu’elle y interprète est très en retrait par rapport
aux deux rôles masculins, et encore plus par rapport
à ses rôles précédents avec Zhang Yimou.
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Jiuxian dans Adieu ma
concubine |
1994 : fausse nüxia à Hong kong
Avec Brigitte Lin, au
moment du tournage
de The Dragon
Chronicles |
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Dans la première moitié des années 1990, cependant,
parallèlement à son travail avec Zhang Yimou, Gong
Li tourne également dans des films de Hong Kong,
mais ils ne lui offrent guère de rôles intéressants,
à une exception près : un rôle totalement décalé
dans sa filmographie, l’une des protagonistes d’un
film de wuxia vaguement adapté d’un roman de
Jin Yong (金庸)
où elle joue aux côtés de Brigitte Lin – « Dragon
Chronicles : The Maidens » (《新天龙八部之天山童姥》).
|
Ce n’est pas anecdotique : c’est l’époque où émerge
l’image de la « fausse nüxia » dans le cinéma
de Hong Kong, rendue possible par le développement
des techniques cinématographiques permettant à des
actrices sans formation aux arts martiaux de tenir
des rôles dans des films de wuxia, leur
incompétence au combat étant masqué par les angles
de prise de vue, le montage, voire l’emploi de
cascadeurs pour les doubler. Le jeu de l’actrice est
privilégié par rapport à sa capacité à manier une
épée. Gong Li se pose sur le même plan que
Brigitte
Lin dans ce film. |
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Chow Heung dans
Flirting Scholar |
Mais cela reste une curiosité dans la filmographie de Gong
Li – curiosité qui a gagné plus d’argent au box office que
« Qiu Ju », mais qui reste un film sans intérêt sauf
historique ; il souffre d’un scénario inconsistant et d’un
excès d’effets spéciaux.
C’est cette même année 1994 que Gong Li retrouve des rôles à
sa mesure : avec Zhang Yimou mais pas seulement. La période
1994-1995 apparaît a posteriori comme l’apogée de sa
carrière.
1994-1995 : apogée
Jiazhen dans Vivre |
|
1994 est l’année de sortie du chef-d’œuvre de Zhang
Yimou
« Vivre ! »
(《活着》),
dans lequel Gong Li incarne le personnage de Jiazhen
(家珍),
face à un formidable
Ge You (葛优)
– une Jiazhen battante et résolue, l’emblème même de
l’esprit de résilience du peuple chinois, mais qui
est également une petite sœur de Qiu Ju, aussi
décidée qu’elle à faire prévaloir son sens de la
justice, contre toute offre de compensation.
1994 est cependant aussi l’annéed’un autre rôle
intéressant dans la carrière de Gong Li, un rôle qui
rejoint la série de femmes atypiques qu’elle a
interprétées : celui de Pan Yuliang (潘玉良)
dans le film « A Soul
Haunted by Painting »
(《画魂》)
de la réalisatrice chinoise
Huang Shuqin (黄蜀芹).
Pan Yuliang est une ancienne pensionnaire de maison
close devenue la seconde épouse d’un riche
propriétaire ; elle |
devient peintre, spécialisée dans les nus féminins,
discipline qu’elle enseigne dans la Nankin des années 1930 ;
le scandale de ses origines lié à celle de sa peinture la
forcera à finir ses jours à Paris.
Le scénario est de Liu Heng, la photographie est
signée
Lü Yue (吕乐)
et le film a été produit par Zhang Yimou… Il est à
découvrir, avec la réalisatrice, et constitue une
ouverture qui aurait pu constituer un axe de
développement intéressant, dans la carrière de Gong
Li comme de Zhang Yimou. Elle restera sans
lendemain.
En 1995, Zhang Yimou offre à Gong Li un autre rôle
de femme sacrifiée dans un beau film qui souffre
malheureusement d’un scénario un peu décousu : le
rôle de
Xiao Jingbao (小金宝),
chanteuse et maîtresse
d’un chef de gang dans la Shanghai des années
1930, dans « Shanghai Triad » (《摇啊摇,摇到外婆桥》).
Mais 1995 marque la fin de cette époque bénie : Gong
Li et Zhang Yimou se séparent. Zhang Yimou se
rapproche de Zhang Weiping (张伟平)
qui devient son producteur et |
|
Xiao Jingbao dans
Shanghai Triad |
financier. Gong Li épouse un richissime industriel de
Singapour. Elle est devenue citoyenne singapourienne en
2008, avant de divorcer l’année suivante.
Depuis 1995, elle est à la recherche de rôles à sa mesure.
1995-2015 : grande actrice en quête de rôles
Pang Ruyi dans
Temptress Moon |
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Au cours des vingt années suivantes, elle passe de
réalisateur en réalisateur, avec de brèves
fulgurances dans un tableau général assez terne, les
médias compensant par des incursions récurrentes
dans sa vie privée. Ses difficultés à trouver des
grands rôles reflètent l’état du cinéma chinois.
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1996-2006 : de Chen Kaige à Wong Kar-wai
En 1996 et 1998, elle tourne à nouveau avec
Chen Kaige,
mais c’est un Chen Kaige reconverti dans le cinéma
commercial, comme Zhang Yimou. Même dans « L’empereur
et l’assassin » (《荆柯刺秦王》),
elle a un rôle un peu caricatural, construit sur des
réminiscences littéraires, mais finalement peu
crédible.
Quant à Wayne Wang, dans « Chinese Box » en
1997, il lui offre un rôle aux côtés de Maggie
Cheung et Jeremy Irons : celui d’une femme torturée
par son passé, qui a du mal à se projeter dans un
avenir incertain hors de sa culture d’origine. Gong
Li a dû trouver des échos personnels dans ce rôle,
mais le film n’est pas l’un des meilleurs de Wayne
Wang.
Gong Li a ensuite travaillé avec un réalisateur peu
connu, Sun Zhou (孙周),
avec lequel elle a tourné deux films, en 2000 et
|
|
Sun Liying dans
Breaking the Silence |
2002. Dans le premier, « Breaking the Silence »
(《漂亮妈妈》),
elle interprète avec beaucoup de
Su Lizhen dans 2046 |
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justesse le rôle d’une mère qui se bat pour que son
fils,
qui est sourd, ne soit pas banni du système scolaire
et ostracisé. C’est un autre de ses rôles de femmes
obstinées et courageuses, qui lui a valu une pléiade
de prix en Chine – prix du Coq d’or, des Cent
Fleurs, des critiques de cinéma au festival de
Shanghai…
Ce sont les années 2004-2006 qui lui offrent ses
deux meilleurs rôles de la période. Le premier, en
2004, est sans doute épisodique, mais c’est dans
l’un des grands chefs-d’œuvre de
Wong Kar-wai (王家卫)
: le |
rôle de Su Lizhen (苏丽珍)
dans « 2046 ».
Gong Li joue aussi dans le moyen métrage que
Wong Kar-wai a
réalisé au milieu du tournage de « 2046 », « La Main » (《手》),
troisième volet de l’ « Eros » d’Antonioni.
Mais l’apogée de la décennie est sans doute, en
2005, son rôle de geisha déjà âgée dans le film de
Rob Marshall « Mémoires d’une geisha » (《艺伎回忆录》)
dans lequel elle joue aux côtés de Zhang Ziyi et
Michelle Yeoh. Malgré les controverses que le film a
suscitées, le rôle de Hatsumomo reste l’un des très
bons rôles de composition de Gong Li, loin de ses
interprétations habituelles ; le scénario devient
d’ailleurs un peu chaotique après son départ, et on
pourrait se contenter de regarder le film jusque là…
Elle renoue épisodiquement avec Zhang Yimou en 2006,
pour interpréter le rôle de l’impératrice Phoenix
dans la superproduction « Curse of the Golden
Flower »
|
|
Hatsumomo dans
Mémoires d’une geisha |
L’impératrice dans
Curse of the Golden
Flower |
|
(en français « La Cité interdite »
《满城尽带黄金甲》)
–
femme victime de son empereur d’époux et lentement
empoisonnée, qui cherche vainement à se défendre.
Ce n’est pas l’une de ces femmes superbes, tragiques
dans leur rébellion, typiques de la filmographie de
Gong Li ; c’est juste une femme prise dans la
souricière des intrigues du palais. Elle est
pitoyable mais non symbolique. Le rôle lui vaut
quand même le prix de la meilleure actrice au
festival de Hong Kong.
Le reste des années 2000 est sans rôle majeur pour
Gong Li : elle est cantonnée dans des films
américains sans intérêt.
|
Années 2010 : efflorescence
Elle revient sur le devant de la scène en 2011, dans
un rôle différent, plus moderne, et aux côtés d’Andy
Lau (刘德华),
dans la comédie de Chen Daming (陈大明)
« What Women Want » (《我知女人心》) :
rôle moderne, peut-être, mais dans profondeur, dans
un film terriblement creux.
C’est Zhang Yimou, encore, qui, en 2014, lui
offreson rôle le plus intéressant de ces dix
dernières années : celui de Feng Wanyu (冯婉瑜)
dans
« Coming
Home » (《归来》),
qui est |
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Li Yilong dans What
Women Want |
aussi le meilleur film du réalisateur depuis longtemps.
Feng Wanyu dans Coming
Home |
|
Elle a repris la méthode que lui avait enseignée Yin
Dawei à ses débuts : observer la réalité et partir
de cette observation pour trouver le ton juste. Pour
préparer ce rôle, elle est allée rendre visite à une
maison de retraite pour personnes âgées, pendant
plus d’un mois. Elle a le regard perdu des
amnésiques, mais le rôle est bien moins profond
qu’il n’aurait pu l’être si le scénario n’avait
gommé une bonne partie de ce qui lui donne sa
profondeur dans le roman de Yan Geling dont il est
adapté. |
Gong Li est en panne de scénario, c’est ce qu’elle regrette
et clame haut et fort. Mais c’est la caractéristique
générale du cinéma chinois aujourd’hui. Et ce n’est
certainement pas son prochain rôle, dans une nouvelle
mouture de la superproduction en 3D du Roi Singe, qui lui
permettra de renouer avec les brillantes réalisations du
passé où elle a laisséle meilleur d’elle-même.
Filmographie
1987 Le
Sorgho rouge 《红高粱》
Zhang
Yimou
张艺谋
- Rôle de Jiu’er 九儿
1989 The Empress Dowager《西太后》 Li Han-hsiang
李翰祥
-
Rôle de Guilian
桂莲
Opération Jaguar
《代号美洲豹》 Zhang
Yimou
/Yang Fengliang
楊凤良
Rôle de l’infirmière Ah Li
阿丽
1990 A Terracotta Warrior 《秦俑》 Chiu
Siu-tung
程小东
Rôle de Dong’er/Zhu Lili
冬儿/朱莉莉
Judou 《菊豆》
Zhang Yimou /Yang Fengliang - Rôle de
Judou
菊豆
1991
Epouses et concubines
《大红灯笼高高挂》 Zhang Yimou
- Rôle de Songlian
颂莲
The Banquet
《豪门夜宴》
(charity film)
Divers réalisateurs -
Rôle d’une serveuse
1992
Qiu Ju, une femme
chinoise 《秋菊打官司》
Zhang Yimou
- Rôle de Qiu Ju
秋菊
Mary from Beijing / Awakening
《梦醒时分》
Sylvia Chang
张艾嘉 -
Rôle de Mary
1993
Adieu ma concubine
《霸王别姬》 Chen
Kaige
陈凯歌
-
Rôle de Juxian
菊仙
Flirting Scholar 《唐伯虎點秋香》 Stephen
Chow周星驰
/ Lee Lik-chi
李力持
Rôle de Chow Heung (une servante)
秋香
1994 Dragon
Chronicles: The Maidens
《新天龙八部之天山童姥》
Andy Chin
钱永强
Rôle de Mo Hang-wan巫行云
A Soul
Haunted by Painting
《画魂》 Huang
Shuqin 黄蜀芹
- Rôle de
Pan Yuliang
潘玉良
Vivre !
《活着》
Zhang Yimou -
Rôle de Jiazhen
家珍
The Great Conqueror Concubine
《西楚霸王》
Stephen Shin /Wei Handao
冼杞然/卫翰韬
Rôle de Lü Zhi
吕雉
1995 Shanghai Triad 《摇啊摇,摇到外婆桥》 Zhang
Yimou -
Rôle de Xiao
Jingbao 小金宝
1996 Temptress
Moon 《风月》
Chen Kaige
陈凯歌
- Rôle de
PangRuyi
庞如意
1997 Chinese Box
Wayne Wang 王颖
-
Rôle de Vivian
1998 L’Empereur et
l’assassin
《荆柯刺秦王》
Chen Kaige
陈凯歌
- Rôle de
Dame Zhao
赵姬
2000 Breaking the
Silence
《漂亮妈妈》
Sun Zhou
孙周
-
Rôle de Sun Liying
孙丽英
2002 Zhou Yu’s
Train 《周渔的火车》
Sun
Zhou
孙周
-
Rôle de Zhou Yu
周渔
2004 2046
《2046》
Wong Kar-wai
王家卫
-
Rôle de Su Lizhen
苏丽珍
La main 《手》 3ème
volet de « Eros » Wong Kar-wai
王家卫 -
Rôle de Miss Hua
2005 Mémoires d’une
geisha
《艺伎回忆录》
Rob Marshall
- Rôle de Hatsumomo
2006 Miami Vice
Michael Mann – Rôle
d’Isabella Montoya
Curse of the Golden Flower
《满城尽带黄金甲》
Zhang Yimou -
Rôle de
l’impératrice
2007 Hannibal Rising Peter
Webber -
Rôle de Lady Murasaki
2010 Shanghai
Mikael Håfström –
Rôle de Anna Lan-ting
2011 What Women
Want
《我知女人心》
Chen Daming
陈大明
– Rôle de Li Yilong
李仪龙
2014
Coming Home
《归来》
Zhang Yimou -
Rôle de Feng Wanyu
冯婉瑜
2016 The Monkey
King 2
《西游记之孙悟空三打白骨精》
Cheang Pou-Soi
鄭保瑞
- Rôle de Baigujing
白骨精
Note complémentaire
Chez
Zhang Yimou, Gong Li est au centre d’une représentation
de l’histoire par l’image où le corps féminin permet
d’articuler la représentation du réprimé, du refoulé, donc
de l’indicible.
C’est ce
qu’explique Cui Shuqin dans son livre « Women Through Lens » :
« The appeal of
Zhang Yimou’s films lies in his visual articulation of the
many faces of repression. A gendered icon and visual sign
that bodily illustrates such issues is the star image of
Gong Li, identified with Zhang from the start of his
directorial career. As Stuart Klawans remarks […], the
remarkable images of Gong Li provide the logo for Zhang Yimou’s films: “In the beginning was her face – the first
image of the first film Zhang Yimou directed. Seven years
and six films later, hers is still the image that can spark
his work to life.”
The extraordinary star image created by the Chinese
director and fetishized by international audiences is
foremost a cinematic phenomenon. »
Cette création d’image se fait en effet par un processus de
construction et composition visuelle, construction
allégorique d’oppression à la fois traditionnelle et
nationale par le biais d’une image iconique. En tant
qu’emblème social et icone visuelle, la femme se prête à
signifier l’oppression masculine, et Zhang Yimou n’est pas
le seul à avoir usé du symbole. Mais le symbole dépasse la
seule oppression des femmes dans la société chinoise :
hommes et femmes sont également victimes de l’oppression du
système social et du contrôle étatique. La représentation de
la femme en tant que victime de la société est en fait
l’expression plus générale des souffrances vécues par les
deux sexes. Surtout représentée dans un cadre familial où
elle est confrontée à un partenaire faible, voire
impuissant, la femme incarne à l’écran, dans son corps même,
l’espace où exprimer ce qui ne pourrait autrement l’être,
faute d’espace public pour le faire.
C’est le sens de
personnages comme Ermo ,
Judou, mais tout particulièrement celui de Qiu Ju incarnée
par Gong Li, tous créés au début des années 1990.
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