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70ème
Mostra de Venise : la Chine en demi-teinte
par Brigitte
Duzan, 30 août 2013
Présidée
par Bernardo Bertolucci, la 70ème Mostra
de Venise qui s’est ouverte mercredi 28 août compte
le réalisateur
Jiang Wen (姜文)
parmi les membres du jury de la compétition
officielle, mais n’offre que peu de films chinois
dans ses différentes sections.
Le
directeur artistique du festival, Alberto Barbera,
l’a d’ailleurs souligné d’entrée : les films chinois
sont de plus en plus nombreux, leurs qualités
techniques sont d’un niveau en constante
amélioration, mais, aujourd’hui constitués surtout
de grosses productions tournées essentiellement vers
le grand public chinois, leur contenu ne répond plus
aux critères de sélection d’un festival comme
Venise. Il y a là un danger pour le cinéma chinois,
a-t-il ajouté, sans surprendre personne.
1. On
apprécie d’autant plus les rares œuvres qui ont été
sélectionnées. Si l’on commence par la compétition
officielle, parmi les vingt films qui concourent
pour le Lion d’or, on |
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L’affiche de la 70ème
Mostra |
trouve le
nouveau film de
Tsai Ming-liang (蔡明亮)
« Stray
dogs » (《郊游》),
une coproduction franco-taïwanaise que même l’agence
Chine nouvelle a classée parmi les films chinois.
Il faut dire que le sujet ressemble beaucoup à un
thème du continent : l’histoire d’un père et de son
fils qui mènent une vie « de chien » dans une Taipei
inhumaine où la violence est leur lot quotidien.
2. Dans la
section Orizzonti, on trouve un court métrage de 17’
:
« Stagnant
Water » (《死水》)
de Wang Xiaowei (王小伟),
un tout
jeune réalisateur né en 1985 et sorti seulement en
2011 de l’Université normale du Yunnan, section
beaux-arts.
Réalisé en
cinq jours avec 5 000 yuans (en gros 500 euros),
qu’il avait d’abord pensé utiliser pour s’acheter un
nouveau smartphone, et une caméra numérique achetée
d’occasion |
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Stray Dogs |
pour 300 yuans, son
court métrage relate l’histoire d’un chauffeur de taxi qui,
échappant à un
Stagnant Water |
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embouteillage, se retrouve au bord d’une rivière où
un jeune artiste est en train de peindre… il semble
qu’un secret soit caché au fond de l’eau… L’histoire
est simple mais pleine d’imagination, et c’est lui
qui interprète le peintre.
Ce petit
film a épaté le jury de sélection d’Orizzonti qui
l’a ajouté in extremis à sa programmation, comme
pour prouver que l’on n’a pas besoin de budgets
pharamineux pour faire des choses originales. |
3. Parmi les films
hors compétition figure un nouveau documentaire de
Wang Bing (王兵) :
« ‘Til
Madness Do Us Part » (《疯爱》),
une coproduction
Hong
Kong/France/Japon de 220’ sur les conditions d’internement
dans un hôpital psychiatrique.
de
Yang
Lina (杨荔钠)
projeté en première mondiale au festival de Rotterdam en
janvier 2013.
Jiang Wen lors de la
soirée inaugurale,
avec son épouse Zhou
Yun (photo Xinhua) |
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« Trap
Street » se présente d’abord comme un excellent
scénario : un jeune garçon est employé par une
entreprise dont l’objet est d’actualiser le
cadastre ; un jour qu’il est en train de faire le
relevé d’une rue, il rencontre une jeune fille qu’il
ramène en voiture et qui y oublie une clé usb ; il
la cherche donc pour la lui rendre, mais quand, de
retour à son bureau, il veut entrer les données de
la rue où il l’a rencontrée, il n’y arrive pas…. La
rue est celle d’un laboratoire secret ; il se trouve
bientôt surveillé et suspect, et sa vie tourne au
cauchemar.
Pour son
premier film, Vivian Qu a choisi de faire le
portrait d’une société chinoise rongée par
l’obsession des contrôles et une ambiance de
suspicion et de tension permanentes. Le rôle
principal est interprété par
Lü Yulai (吕玉来).
On reparlera certainement de Vivian Qu, même si elle
ne décroche pas le ‘Lion d’or du futur’ pour lequel
elle concourt. |
5.
Signalons enfin, parmi les films restaurés qui sont
programmés dans la section des Classiques de Venise, deux
films chinois (continent et Hong Kong) datant respectivement
de 1994 et 1996 :
« In the Heat of the Sun » (《阳光灿烂的日子》),
de
Jiang Wen
(姜文),
et « Comrades, Almost a Love Story » (《甜蜜蜜》),
de
Peter Chan (陈可辛)
– qui est par ailleurs l’auteur de l’un des soixante-dix
très courts métrages commandés pour le 70ème
anniversaire du festival (1)
Le programme
complet des diverses sections :
www.labiennale.org/en/cinema/70th-festival/line-up/
Note
(1) Il s’agit du
programme « Future Reloaded ». Voir
www.chinesemovies.com.fr/actualites_129.htm
Le film de
Lou Ye (娄烨)
qui avait été annoncé n’apparaît finalement pas dans la
sélection.
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