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Ronny Yu 于仁泰

Présentation

par Brigitte Duzan, 05 août 2014

 

Producteur, réalisateur et scénaristede Hong Kong, Ronny Yu a commencé sa carrière à la fin des années 1970, à Hong Kong, au moment des débuts de la Nouvelle Vague du cinéma de Hong Kong. Il est cependant resté à l’extérieur du mouvement. Au milieu des années 1990, il est parti aux Etats-Unis, mais sans y faire d’éclats. Et quand il en est revenu, c’est à un moment de crise du cinéma de Hong Kong…

 

De sa filmographie ressort un chef d’œuvre

 

Ronny Yu avec Jet Li sur le tournage de Fearless

incontestable: « The Bride with White Hair » (白发魔女传). C’était en 1993 et c’est,à ce jour, la meilleure adaptation du roman éponyme de Liang Yusheng (梁羽生). 

 

Début de carrière à Hong Kong

 

Ronny Yu est né en 1950 à Hong Kong.

 

Il a fait ses études secondaires en Angleterre, puis universitaires aux Etats-Unis, à l’université de l’Ohio (en business administration). En même temps, il a suivi un cursus de cinéma à l’université de Californie du Sud (USC).

 

Les débuts

 

Rentré à Hong Kong, il commence sa carrière

 

Leung Po-chih

 

Philip Chan

 

cinématographique en 1976 en produisant un film : « Jumping Ash » (《跳灰》) de Leung Po-chih  (梁普智)  et Josephine Siao (萧芳芳), sur un scénario de Philip Chan (陈欣健). C’est avec ce dernier qu’il coréalise ensuite son premier film, en 1979 : « The Servant» (墙外墙内》), qui peut être considéré comme l’un des films fondateurs de la Nouvelle Vaguedu cinéma de Hong Kong (香港新浪潮).

 

Mais Ronny Yu ne partage vraiment ni l’esthétique ni les thèmes privilégiés par les réalisateurs de ce mouvement. L’un de ses succès, en 1986, est « Legacy of Rage» (龙在江湖》), littéralement « un dragon dans le jianghu ». C’est un film bizarre : une histoire moderne, construite sur un thème de vengeance proche des films de wuxia et de kungfu, qu’évoque le titre. Et c’est un film typique des films d’action qu’il tourne dans les années 1980.

 

Legacy of Rage

 

Brandon Maest un jeune ordinaire, avec un job et une petite amie. Mais il a pour ami un trafiquant de drogue qui est amoureux de sa petite amie et le fait condamner pour se l’approprier. Quand Brandon sort de prison huit ans plus tard, il assouvit sa vengeance ; mais il part à la fin avec le fils que son amie a eu de lui. Si le film a eu du succès, c’est parce que

le rôle est interprété par Brandon Lee : c’était son premier rôle principal et c’est aussi le seul rôle qu’il ait joué dans un film de Hong Kong. Mais c’est aussi très bien filmé.

 

 

 

Legacy of Rage (en cantonais sous-titré mandarin)

 

Les succès

 

Il produit ensuite six films au début des années 1990, dont « Once Upon a Time a Hero in China » (《黄飞鸿笑传》) en 1992, suivi d’une séquelle l’année suivante, les deux films s’inscrivant dans la longue série de films réalisés sur le thème de Huang Fei-hung (黄飞鸿) ; mais ils sont éclipsés par la série « « Once Upon a Time  in China » (黄飞鸿) produite et en partie réalisée à partir de 1991 par Tsui Hark, avec Jet Li dans les trois premiers épisodes ainsi que le sixième.

 

1993 marque pourtant un sommet de la carrière de Ronny Yu; c’est l’année de son adaptation du roman de Liang Yusheng (梁羽生),  restée œuvre à la fois de référence et exceptionnelle dans le domaine du film de wuxia : « The Bride with White Hair » (白发魔女传), avec Brigitte Lin et Leslie Cheung.

 

Le succès du film, couronné de récompenses aux Hong Kong Film Awards en 1994, lui vaut une invitation aux Etats-Unis. Avant de partir, il tourne un film qui est comme son adieu à Hong Kong : « The Phantom Lover » (夜半歌声》), qui sort en 1995, avec Leslie Cheung, encore, et Jacqueline Wu.

 

Le film est un remake d’un film de 1937 de Ma-Xu Weibang (马徐维邦), « Song at Midnight » (《夜半歌声》), inspiré du célèbre « Fantôme de l’Opéra » de Gaston Leroux, avec Jin Shan (金焰) en héros défiguré. L’histoire est en effet celle d’un chanteur dans les années 1930 à Shanghai ; une jeune fille d’une riche

 

The Bride with White Hair,

 Brigitte Lin/Leslie Cheung

famille tombe amoureuse de lui et le rencontre tous les soirs après les représentations, en rêvant de partir avec lui ; mais elle est déjà fiancée ; son futur époux se venge en défigurant le chanteur et en brûlant son théâtre. La jeune femme devient folle. Le chanteur hante le théâtre en ruines où vient un jour se produire une troupe ; c’est l’occasion pour lui de renaître en prêtant sa voix au jeune chanteur de la troupe et de le former. Il finit par réussir à se venger…

 

 

Song at Midnight

 

The Phantom Lover

 

De ce film superbe, Ronny Yu a conservé l’atmosphère, magnifiée par les décors somptueux imaginés par son directeur artistique, Eddie Ma, et la superbe photographie de Peter Pau ; les deux directeurs seront d’ailleurs primés aux Hong Kong Film Awards l’année suivante. Si les deux acteurs sont très bien, Leslie Cheung, cependant, est en décalage et comme en retrait par rapport à son rôle, un chanteur de théâtre des années 1930. En décalage parce qu’on lui a fait chanter son répertoire habituel, le cantopop, pour attirer ses fans, et qu’on est à des lieues de l’émotion suscitée par les scènes musicales du film de Ma-Xu Weibang. En retrait, parce que l’histoire est proche de celle, dramatique, vécue par l’acteur, mais qu’il ne montre aucune empathie particulière avec son rôle.

 

Finalement, le film a eu du succès, mais surtout auprès des fans de Leslie Cheung, les filles particulièrement, venues

écouter leur idole. On en admire la photographie et les décors, c’est l’un des films les plus somptueux et les plus chers produits jusqu’alors à Hong Kong, mais on ne vibre pas.

 

 

The Phantom Lover (cantonais sous-titré mandarin/anglais)

 

Intermède : Etats-Unis

 

Ronny Yu part ensuite aux Etats-Unis, dans l’espoir de donner un nouvel élan à sa carrière. C’est la période d’incertitude et de malaise avant la rétrocession de Hong Kong à la Chine (en 1997) qui pousse beaucoup de Hongkongais à prendre le chemin de l’exil.

 

En 1997, il tourne un premier film de transition, coproduit par China Film, sur un scénario américain comportant un épisode fantastique de retour vers la Chine ancienne, et interprété par des acteurs américains. C’est un flop, malgré la photographie de Peter Pau.

 

Après trois autres  films décevants, comme beaucoup de ses collègues, John Woo en particulier, Ronny Yu revient à Hong Kong.

 

Retour à Hong Kong

 

Fearless, affiche pour l’Occident

 

Fearless, affiche chinoise

 

Son retour est marqué par un film qui semble comme un retour aux sources, sur un personnage réel du même genre que Huang Fei-hung, Huo Yuanjia : « Fearless » (《霍元甲》), avec… Jet Li ! Celui-ci ayant déclaré que ce serait son dernier film d’arts martiaux, cela déclencha une ruée sur le film.

 

Il a pourtant souffert des coupes qu’il a subies : la version initiale était de 140’ mais a été réduite à 105 pour la sortie en salles. Il existe cependant un director’scut avec la totalité du film dans un DVD sorti en 2008, qui comprend en particulier la scène initiale avec Michelle Yeoh comme narratrice. Il est sorti en France le 6 septembre 2006 dans sa version courte, et en version française, sous le titre « Le Maître d’armes ».

 

En 2011,Ronny prépare un autre film, « Saving General Yang » (忠烈杨家将》), qu’il va tourner en Chine continentale. Le film sort en 2013, est présenté au 37ème festival de Hong Kong, et c’est une déception. Il fait partie des

films hongkongais récents formatés pour le public, et le "marché", chinois, du Continent.

 

C’est une histoire qui se passe à la fin du dixième siècle, sous les Song du Nord, alors que le nord du territoire chinois est menacé par les attaques récurrentes des Khitans. Le général Yang Linggong (杨令公), ou Yang Ye (杨业), est fait prisonnier, ses sept fils partent le sauver. Avec leur petite bande de patriotes enflammés, ils luttent à un contre mille et reviennent victorieux. La famille Yang est l’une des plus célèbres légendes chinoises, qui a donné de nombreuses histoires, dont les plus célèbres sont celles des femmes de la famillealors que, dans le film, le rôle de son épouse, interprété par la femme de Feng Xiaogang (冯小刚) Xu Fan (徐帆), est réduit à la portion congrue.

 

Ronny Yuest tombé dans le piège du cinéma chinois actuel : son scénario est confus, mais ce n’est pas l’important ; l’attrait du film est calculé pour être essentiellement visuel, et fondé sur les acteurs, jeunes playboys glamour de magazines de mode qui font courir les jeunes fans de vingt ans. Le seul à

 

Saving General Yang,

affiche du festival de Hong Kong

suggérer un tantinet de profondeur de caractère est le vétéran Adam Cheng (郑少秋), chanteur de cantopop mais aussi connu pour avoir commencé sa carrière d’acteur dans les années 1970 dans des premiers rôles de séries télévisées de wuxia, puis avoir joué dans nombre de films de wuxia, en particulier « Zu, les guerriers de la montagne magique » (新蜀山剑侠) de Tsui Hark, en 1983.  

 

On est curieux de voir comment Ronny Yu va pouvoir rebondir après ce film.

 

 

Filmographie sélective

en italiques : films américains

 

2013 Saving General Yang 《忠烈杨家将》

2006 Fearless ou Huo Yuanjia 《霍元甲》

2003 Freddy vs Jason 《佛莱迪大战杰森》

2001 Formula 51 《五十一区》

1998 Bride of Chucky 《鬼娃新娘》

1997 Warriors of Virtue 《五行战士》

1995 The Phantom Lover 《夜半歌声》

1993 The Bride with White Hair 白发魔女传

1992 Shogun and Little Kitchen 《伙头福星》

1989 China White 《轰天龙虎会》

1986 Legacy of Rage 《龙在江湖》

1981 The Postman Strikes Back

1979 The Servant 《墙外墙内》 avec Philip Chan 陈欣健

 

 

 

 

 

 

 
 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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