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Leslie Cheung 张国荣

Présentation

par Brigitte Duzan, 27 mars 2015 

 

Leslie Cheung aura été l’une des plus grandes stars de Hong Kong, immensément populaire autant comme chanteur que comme acteur, capable de galvaniser la foule dans une salle de concert comme à l’écran. Considéré comme l’un des fondateurs de la canto-pop, il est aussi l’interprète des grands films des années 1980-90 à Hong Kong.

 

Son suicide, en 2003, a révélé un personnage complexe et douloureux derrière les apparences, et laissé un souvenir qui perdure dans la mémoire collective de Hong Kong comme dans celle de ses fans dans le monde entier.

 

Enfance malheureuse et débuts difficiles

 

Enfance triste

 

Leslie Cheung

 

Leslie Cheung est né en 1956 à Kowloon, à Hong Kong, dernier enfant d’une fratrie de dix, dans une famille hakka. Son père était un tailleur réputé, dont la clientèle comptait des acteurs célèbres.

 

Mais il avait une concubine, ce qui était courant, le foyer n’était pas uni, et ses parents ont divorcé quand il était enfant ; il a été élevé par sa grand-mère. A l’âge de douze ans, il est envoyé chez des parents en Angleterre. Il va à l’école et travaille dans le restaurant familial. Enthousiasmé par le film « Autant en emporte le vent », il se choisit le prénom Leslie, en hommage à l’acteur Leslie Howard qui y joue le rôle d’Ashley Wilkes.

 

A la fin de ses études secondaires, il s’inscrit à l’université de Leeds, pour faire des études sur le management dans l’industrie textile. Il préfère suivre des cours de stylisme, mais son père fait un infarctus, et il doit rentrer à Hong Kong. Il ne reviendra jamais en Angleterre, même après le rétablissement de son père.

 

Débuts difficiles de chanteur et acteur

 

Second prix au concours de la chanson d’ATV, 1977

 

Il décide de se lancer dans la chanson. Il n’a pourtant pas une très belle voix. Il lui faudra des années de travail pour parvenir à la former. En 1977, il participe pourtant à un concours de chanson pour amateurs, l’ATV Asian Music Contest (亚洲歌唱比赛), et il décroche le second prix. Mais le succès ne vient pas tout de suite. Ses premières apparitions à la télévision ne donnent rien. Sur scène, il est même plusieurs fois hué, en particulier pour son attitude de jeune rebelle qui déplaît au public, dans la Hong Kong de la fin des années 1970.

 

En 1978, il décroche un rôle dans un film qu’il qualifiera lui-même de désastre, « Erotic Dreams of the Red Chamber » (红楼春上春). C’est un début très peu glorieux, mais c’est un début.

 

Extraitde Erotic Dreams of the Red Chamber, avec Leslie Cheung

 

C’est au début des années 1980 que sa carrière prend peu à peu un tour nouveau. Il tourne dans des films sur les problèmes de la jeunesse hongkongaise qui commencent à le poser en idole des adolescents : « Encore » () de Clifford Choi, en 1980, « Job Hunter » (失业生) de Clarence Ford en 1981, et surtout, en 1982, « Nomad » (火青春) de Patrick Tam (谭家明), un des films qui s’inscrit dans les débuts de la Nouvelle Vague du cinéma de Hong Kong. Leslie Cheung y interprète le rôle principal de Louis, un jeune homme d’une riche famille hongkongaise dont la mère est morte et qui peine à trouver un but à sa vie. 

 

En même temps, il commence à percer dans le domaine de la chanson. Il sort son premier album en 1983 : « The Wind Blows».

 

Dans The Drummer, 1983

 

Mais c’est grâce à John Woo qu’il connaît la célébrité, en 1986.

 

De brillants lendemains

 

Comme acteur

 

Dans A better Tomorrow, 1986

 

Son rôle de Kit, aux côté de Ti Lung et de Chow Yun-fat,  dans « A Better Tomorrow » (英雄本色), marque un tournant dans sa carrière : coproduit par Tsui Hark, le film bat des records au box office et va entraîner le tournage d’une suite et une floraison de remakes.

 

 

A Better Tomorrow, trailer avec thème musical http://www.letv.com/ptv/vplay/1922924.html

 

Leslie Cheung enchaîne l’année suivante avec « A Chinese Ghost Story » (倩女幽魂), réalisé par Ching Siu-tung (程小东) et, à nouveau, produit par Tsui Hark.

 

 

Dans A Chinese Ghost Story, 1987

 

Avec Anita Mui dans Rouge, 1988

 

En 1988, il tourne avec Stanley Kwan, dans « Rouge » (《胭脂扣》). C’est un rôle qui l’éloigne un peu des précédents et marque une transition vers ses grands rôles des années 1990. Le premier de ceux-ci est celui de Ah Fei dans le film de Wong Kar-wai « Days of Being Wild » ou « Nos années sauvages » (《阿飞正传》), rôle primé aux Hong Kong Film awards en 1991.

 

Mais, à la fin du tournage de ce film, il décide de partir au Canada, pour tenter d’échapper à la pression médiatique. Il s’installe à Vancouver en 1990, mais il s’y ennuie vite et, pressé par les producteurs, revient rapidement à Hong Kong.

 

Comme chanteur

 

En même temps, il est un chanteur de plus en plus populaire, et accumule les prix. Quand, en 1989, il annonce qu’il va cesser de chanter, il organise un concert d’adieu, intitulé Final Encounter of the Legend ; c’est le premier chanteur de cantopop à le faire : le concert est donné pendant trente-trois soirées consécutives au Hong Kong Coliseum.

 

Dans Nos années sauvages (Ah Fei), 1990

 

Dans The Bride with White Hair, 1993

 

Il a trente-trois ans. Il arrête de chanter pendant cinq ans, jusqu’en 1995, mais n’arrête pas de composer : il compose une dizaine de chansons pendant cette période, en particulier pour des films, dont « Red Cheek, White Hair » (《红颜白发》), chanson finale de « The Bride with White Hair » (《白发魔女传》) de Ronny Yu dans lequel interprète le rôle principal aux côtés de Brigitte Lin ; la chanson est couronnée du prix de la meilleure chanson de film au festival du Golden Horse en 1993.

 

 

La chanson 《红颜白发》

 

Les succès des années 1990

 

Les années 1993 et 1994 sont fertiles. 1993 est l’année de « Adieu ma concubine » (《霸王别姬》), qui le rend mondialement célèbre, et 1994 celle des « Cendres du temps » (《东邪西毒》), avec Wong Kar-wai à nouveau. Deux des plus beaux rôles de sa carrière, le premier couronné d’une avalanche de prix, le second, celui de Ouyang Feng (欧阳锋) dans « Les cendres du temps », lui valant le prix de la Société des critiques de film de Hong Kong – le rôle est moins spectaculaire, il n’en est pas moins profond.

 

Dans Adieu ma concubine

 

Dans Les cendres du temps

 

En 1995, il compose les trois chansons du film de Ronny Yu « Phantom Lover » (《夜半歌声》), dans lequel il interprète le rôle principal aux côtés de Jacqueline Wu. Il revient à la chanson en signant un contrat avec Rock Records, et sort son premier album depuis 1989 : Beloved (最爱).

 

L’année suivante, il tourne encore avec Chen Kaige, dans « Temptress Moon » (《风月》), et avec Derek Yee (尔冬升) dans « Viva Erotica » (情男女) aux côtés de Karen Mok et Shu Qi (舒淇).

 

Mais 1997 est une année charnière pour lui. En juin sort « Happy Together » (《春光乍泄》) de Wong Kar-wai, histoire de deux jeunes homosexuels qui fuient Hong Kong, juste avant la rétrocession, pour partir au bout du monde dans une quête de bonheur impossible. Peu de temps plus tard, il déclare publiquement son homosexualité lors d'un concert, après la publication dans des tabloïds de photos de lui et de son compagnon, avec lequel il vivait depuis vingt ans.

 

Dans Happy Together, avec Tony Leung, 1997

 

Dans The Kid, 1998

 

En 1998, il est membre du jury de la 48ème Berlinale. Il joue dans « A Time to Remember » (《红色恋人》) de Ye Daying (叶大鹰), dans « Moonlight Express » (《星月童话》) de Daniel Lee (李仁港), dans « The Kid » (流星语) de Jacob Cheung… Il peine à retrouver des rôles à sa mesure. Mais il a toujours autant de succès comme chanteur.

 

  

La tragédie de 2003

 

Le 1er avril 2003, il se jette du 24ème étage du Mandarin Oriental Hotel, dans l’île de Hong Kong, laissant une note disant qu’il souffrait de dépression et ne le supportait plus. Il avait déjà fait une tentative de suicide l’année précédente et était suivi par des psychiatres. Il avait quarante-six ans.

 

La nouvelle a été un choc. C’était en pleine épidémie de SARS, mais les Hongkongais se sont précipités pour lui rendre un dernier hommage. Son dernier album, Everything Follows the Wind (一切隨風), est sorti trois mois après sa mort.

 

 

Son dernier album, Everything Follows the Wind 

 

 

Biographie

Firelight of a Different Colour: the Life and Times of Leslie Cheung Kwok-wing, de Nigel Colett, Signal 8 Press, février 2014.

 

 

 

 

 

 

 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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