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Festival de Hong Kong 2013 : encore un « Ip Man » en ouverture, en cantonais svp…

par Brigitte Duzan, 15 mars 2013

 

Le 37ème Festival du Cinéma international de Hong Kong ((HKIFF)  s’annonce particulièrement riche cette année encore, avec 306 films de 68 pays différents, 12 films en première mondiale et 36 premières asiatiques, sur une période de 17 jours, du 17 mars au 2 avril.

 

37th Hong Kong International Film Festival

 

Vitrine du cinéma de Hong Kong

 

Drug War

 

L’une des caractéristiques principales de ce festival est d’offrir un vaste panorama de la production cinématographique de Hong Kong, récente et moins récente.

 

Cette édition 2013 présentera ainsi, en soirée de gala, le dernier film de Johnnie To (杜琪峰), « Drug War » (毒战), qui a été la « surprise » du festival de Rome en novembre dernier et pourrait être un tournant dans l’œuvre du réalisateur.

 

Parmi les autres films de vétérans du cinéma de Hong Kong, « Saving General Yang » (忠烈杨家将) du vétéran Ronny Yu (于仁泰) est inspiré de la célèbre histoire des généraux de la famille Yang (杨家将) au début de la dynastie des Song du Nord. Le film est produit « par le producteur de "Ip Man" », dit l’affiche en grosses lettres (2)… Quant à Ronny Yu, il prépare un film annoncé comme la suite de « Tigre et Dragon »…

 

Peut-être plus intéressants, dans un genre totalement différent, deux films de valeurs montantes de Hong Kong :

- « A Complicated Story » (《 一个复杂故事》) de Kiwi Chow Kwun-wai (周冠威), quatrième film (déjà) d’un réalisateur né en 1979 qui traite surtout de thèmes sociaux contemporains, ici l’histoire d’une étudiante de Chine continentale qui accepte d’être mère porteuse pour de riches Hongkongais ; le film est produit par Johnnie To et Bill Kong, et a bénéficié de l’aide du Hong Kong Film Development Fund ;

- et « The Way We Dance » (《狂舞派》) d’Adam Wong Sau-ping (黃修平), qui, au début du mois de mars, en était encore aux derniers stades de la post-production : un film qui s’annonce détonnant, sur la scène hip-hop hongkongaise.

 

Le festival est aussi réputé pour ses hommages et rétrospectives. En cette année 2013, c’est Andrew Lau (刘伟强) qui est à l’honneur, avec onze de ses films, en attendant

 

Saving General Yang

le dernier qu’il va commencer à tourner en avril, « Revenge of the Green Dragons » (《青龙帮》), une

 

The Way we Dance

 

histoire de gang dans le Chinatown de New-York dont le producteur exécutif n’est autre que Martin Scorsese.

 

Plus intéressant, là encore, est sans doute le programme d’anciens films restaurés, présenté en association avec le Hong Kong Film Archive, dont un Richard Poh/Bu Wancang (卜万苍) de 1960, et une série de films produits par le studio Golden Harvest (橙天嘉禾), de films de Bruce Lee aux premiers John Woo (吴宇森)– la comédie de 1977 « The Pilferer’s Progress » ou

« Money Crazy » (发钱寒) et le film d’arts martiaux de 1978 « Last Hurrah for Chivalry » (豪侠) - en passant par des films oubliés des années 1970.  

 

Autres initiatives intéressantes

 

Reprise de la section Young Taiwanese Cinema

 

Le festival réactive cette année sa section sur le Jeune cinéma taiwanais, avec sept films,  dont « Will You Still Love Me Tomorrow ? » (明天记得爱上我), second film du taiwano-américain Arvin Chen (陈骏霖), après « Au revoir Taipei » et dans le même genre, une sorte d’hybride d’Edward Yang et de romance hollywoodienne.

 

Suite du programme de courts métrages youku

 

Initiative de youku (优酷), la série de quatre courts métrages « Beautiful 2012 » (美好2012》) a rencontré l’an dernier un incroyable succès. Le film d’Ann Hui (许鞍华), en particulier, « My Way » (《我的路》), a été vu par quelque 12 millions de spectateurs dans les deux mois qui ont suivi sa mise en ligne.

 

L’expérience se poursuit donc cette année avec une nouvelle

 

Money Crazy

série de quatre œuvres, « Beautiful 2013 » (《美好2013》), commissionnées de la même manière, qui seront dévoilées le 20 mars. Comme l’an dernier, l’un des courts métrages n’est pas chinois, il est du Japonais Kiyoshi Kurosawa, mais les trois autres relèvent du cinéma chinois au sens large, signés de la Hongkongaise Mabel Cheung (张婉婷), du réalisateur de Chine continentale Lü Yue (吕乐), et du Taiwanais Wu Nien-jen (吴念真).

 

Un autre « Ip Man » en ouverture, en hommage au cinéma cantonais

 

Ip Man : The Final Fight

 

Le film choisi pour la cérémonie d’ouverture est la suite du film de 2010 de Herman Yau (邱礼涛), « The Legend is Born: Ip Man » (叶问前传), avec Dennis To dans le rôle principal (2). Ce film racontait comment Ip Man a appris son art dans sa jeunesse. Le nouveau film, projeté en première mondiale le 17 mars, « Ip Man: The Final Fight » (《叶问:终极一战》), montre un Ip Man plus âgé, interprété par Anthony Wong, alors qu’il tente de créer sa propre école à Hong Kong dans les années 1950, dans une ville est en proie aux difficultés économiques et à la corruption.

 

Si ce film a été choisi pour l’ouverture, c’est parce que le festival a voulu rendre hommage au cinéma cantonais, à un moment où il est en perte de vitesse, comme le montre bien, entre autres, le nouveau film de Johnnie To tourné sur le continent, en mandarin, pour un public chinois élargi.

 

« Le cinéma cantonais », a expliqué le directeur du festival Roger Garcia, « est le cinéma des miséreux, des laissés pour compte et de la classe ouvrière ; c’est un cinéma qui reflète son public, des spectateurs qui vivaient dans des quartiers où régnait un sens très fort de communauté. Notre politique habituelle est d’ouvrir le festival avec un film représentatif du cinéma local, et celui-ci est un reflet du passé qui devrait nous faire réfléchir sur l’avenir. »

 

Dans un contexte où la langue cantonaise elle-même est soumise à la pression croissante du mandarin, en particulier dans l’enseignement et à la télévision, la défense du cinéma qui lui est liée relève du même combat. On aimerait que ce ne soit pas un combat d’arrière-garde.

 

 

Notes

(1) C’est-à-dire Raymond Wong, le producteur des deux « Ip Man » de Wilson Yip (voir ci-dessous).

(2) Le film est sorti la même année que le second « Ip Man » de Wilson Yip, avec Donnie Yen dans le rôle titre, soit deux ans après le premier, intitulé tout simplement « Ip Man » (叶问). « Ip Man: The Final Fight » sort, lui, peu de temps après « The Grandmaster » (《一代宗师》) de Wong Kar-wai, sur le même personnage, mais dans le style propre à ce réalisateur. Cela fait donc cinq films au total dans les quatre dernières années sur le même sujet traité à des périodes ou dans des styles différents.

 

 

 

 

 

 

 

 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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